Adopté en première lecture par la Chambre des représentants le 19 novembre dernier, le plan d’investissement de 1 800 M$ de Joe Biden, « Build Back Better » vise à renforcer les services de santé et d’éducation américains, mais également à faciliter la transition écologique de la société. C’est au service de ce dernier objectif qu’un bonus écologique accompagnant l’achat des véhicules électriques a été mis en place. D’un montant de 12 500 $, il comprend un bonus de 7 500 $ attribué pour chaque véhicule électrique et deux autres primes (4 500 $ et 500 $) attribuées sous conditions.
Un bonus sous conditions
Mais attention, si ce projet de loi venait à être définitivement adopté après son passage devant les sénateurs, il viendrait créer une distorsion de concurrence dans la mesure où seuls les véhicules électriques assemblés par des entreprises américaines employant des ouvriers syndiqués pourraient bénéficier des 4 500 $ et ceux abritant des batteries « made in USA » des 500 $ restants. Au final, compte tenu de la répartition syndicales aux États-Unis, le volet de 4 500 $ ne profiterait donc qu’aux trois fabricants historiques que sont Ford, General Motors et Chrysler (Groupe Stellantis). Tesla, où les salariés ne sont pas syndiqués, serait donc exclu du dispositif. Un paradoxe quand on sait que la société d’Elon Musk est à l’origine de 70 % des ventes de véhicules électriques dans le pays. Quant à l’aide de 7 500 $, initialement attribuable pour chaque véhicule électrique vendu, elle ne bénéficierait, au bout de 5 ans, qu’aux seuls fabricants américains.
La colère des autres pays
Vu de l’étranger, ce nouveau bonus est perçu, non pas comme une aide destinée à atteindre plus facilement la neutralité carbone dans les transports, mais comme une mesure protectionniste. Le Canada et le Mexique voisins qui abritent de nombreuses usines et qui partagent un accord de libre échange avec les États-Unis se sont officiellement émus de la prochaine mise en place de ce bonus et des risques de « relocalisation » des unités de production qu’il fait peser sur eux. Le Japon, par la voix de son champion Toyota s’est insurgé devant l’adoption d’une mesure qualifiée d’injuste. Quant à la Commission européenne, compte tenu des impacts qu’un tel dispositif aurait sur l’industrie automobile allemande, très présente outre-Atlantique, elle a également réagi. Le commissaire européen au commerce, Valdis Dombrovskis, a adressée une lettre aux sénateurs américains, le 3 décembre dernier, les invitant à revoir le texte de ce projet. Un projet qui en l’état « entraînerait une discrimination injustifiée à l’encontre des constructeurs européens de voitures et de composants automobiles » et viendrait créer des frictions inutiles dans la relation transatlantique.
Pour aller plus loin, découvrez notre étude sur les véhicules électriques et services associés.
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