C’est un sujet qui n’a pas fini de se tarir : le déclin de la démographie médicale a des impacts conséquents sur la prise en charge de la population française. Dans sa dernière étude publiée le 25 mai 2023, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) élabore un constat toujours aussi inquiétant. Basée sur une 6e vague d’enquête réalisée auprès de 1 550 médecins entre janvier et avril 2022, elle permet d’évaluer l’évolution des pratiques des médecins généralistes exerçant une activité libérale au regard de la situation démographique actuelle.
Ainsi, près de 8 médecins généralistes sur 10 pratiquant une activité libérale estiment que l’offre de soins dans leur zone d’installation est insuffisante. Plus d’un tiers (34 %) la jugent même très insatisfaisante, contre 22 % en 2019. Face à cette situation, ces derniers sont contraints de modifier leurs habitudes de travail. Ainsi, 65 % d’entre eux déclarent n’avoir d’autre choix que de refuser de nouveaux patients, contre 53 % en 2019. D’autres pratiques se confirment comme la tendance à faire des journées plus longues que souhaitées pour 71 % des médecins généralistes ou encore le fait d’augmenter les délais de rendez-vous pour 57 % d’entre eux. Sans compter que la moitié déclarent rogner sur leur temps de formation, ce qui pose question quant à l’évolution de la qualité des soins prodigués.
Pour pousser un peu plus l’analyse, il est intéressant de comprendre dans quelle mesure ces médecins sont épaulés dans leur exercice, via une mutualisation ou une délégation des tâches organisationnelles ou liées aux soins. Début 2022, ils sont ainsi 20 % à faire partie d’une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) en fonctionnement (contre 7 % début 2019), et 12 % au stade de projet. Il est également intéressant de noter que seul 1 médecin sur 20 est aidé par une assistante médicale. Pragmatiques, 67 % se disent donc favorables à une plus large délégation des tâches auprès des infirmières, comme le souligne la récente étude de la MACSF. Même s’ils sont peu nombreux aujourd’hui à considérer la délégation de la prescription et le renouvellement d’ordonnances, ils se montrent néanmoins réalistes : la majorité pensent qu’ils seront effectifs d’ici 10 ans. Soutenus par les infirmières mais aussi les pharmaciens dont le métier est en pleine évolution, les médecins généralistes devraient donc voir leur métier évoluer largement au cours de la prochaine décennie.