Le marché de la restauration livrée, en plein essor en France dans les grandes villes, attise les convoitises
Au sein du secteur de la restauration, qui enregistre une baisse de ses recettes en 2015, la restauration livrée se démarque. Le marché de la livraison des repas à domicile est en effet en plein essor en France, avec un potentiel énorme dans les grandes villes. C’est en effet un service qui apporte un vrai bénéfice à un consommateur urbain, qui dispose de moins en moins de temps pour manger. Par ailleurs, ce consommateur s’est habitué à utiliser de plus en plus Internet ou son smartphone pour effectuer des achats, ce qui pousse également le recours à ce type de service. En France, la livraison à domicile des restaurants en est encore à ses débuts. Ainsi, sur 150 000 restaurants, environ 6.000 d’entre eux sont en mesure d’assurer la livraison. Par ailleurs, seules 5 à 10% des commandes sont passées en ligne. Le téléphone restant encore le moyen le plus utilisé pour passer commande de la livraison d’un repas.
Les premiers prestataires à se lancer sur ce marché, ont été essentiellement des plateformes Internet qui mettent en relation les restaurateurs et les consommateurs (AlloResto le premier arrivé dès 1998 qui regroupe 3500 restaurants partenaires, suivi par Resto-In et Chronoresto), moyennant une commission de 12% par commande. La livraison est alors prise en charge par le restaurateur. Le second modèle qui bouscule aujourd’hui le marché, avec l’arrivée de nouveaux entrants inclut le service de livraison. Ce nouveau modèle permet de s’adresser à une cible beaucoup plus vaste de restaurateurs puisqu’il évite aux restaurateurs d’investir dans une équipe de livreurs. Inconvénient : la commission prélevée qui est forcément plus élevée. Certains restaurateurs sont du coup encore frileux à utiliser ce service, d’autant qu’ils craignent de vider leur salle. D’où l’importance pour les nouvelles plates-formes de séduire leurs partenaires en mettant en avant les services rendus : élargissement de la clientèle et prestation des revenus (allant de 4 000 à 50 000 euros par mois selon la notoriété et la capacité du restaurant). De nombreuses jeunes pousses ont donc vu le jour : Take Eat Easy, la start-up belge créée en 2013, qui est présente à Paris depuis 2014 ; le français Tok Tok Tok, présent dans 6 villes en France ; l’anglais Deliveroo et l’allemand Foodora, qui ont débarqué en France en 2015 avec de grosses ambitions.
Bien sûr, cette évolution du marché oblige les acteurs historiques à s’adapter. Allo Resto teste désormais son propre service de livraison. Quant à Uber, il vient de lancer son service UberEats dans trois arrondissements parisiens. UberEats, déjà présent à Barcelone et dans quelques villes d’Amérique du Nord, permet de se faire livrer un repas préparé par un restaurant, dans un délai très court (10 mn), grâce aux conducteurs d’Uber. Amazon montre également son intérêt pour ce type de plateforme, et a lancé un service comparable à celui d’AlloResto pour la ville de Seattle aux Etats-Unis, en fin d’année 2014. La concurrence s’annonce rude !