Les difficultés financières rencontrées par Pharmasimple, l’une des e-parapharmacies leaders au niveau européen, témoignent des obstacles encore importants pour trouver le bon modèle économique sur ce canal de vente. Créé en 2010 par Michaël Willems et Annabelle Thiry, le site a vu sa situation se dégrader brutalement en 2021. Le chiffre d’affaires a reculé de plus de 30 %, passant de 45,2 M€ fin 2020 à 30 M€ à la fin de l’année dernière, et les pertes se sont creusées, à -8,8 M€ au niveau du résultat opérationnel et à -9,1 M€ pour le résultat net. Il est vrai que les volumes d’activité avaient été atypiques en 2020, soutenus par la crise sanitaire. Mais les fondateurs le reconnaissent : la chute des résultats en 2021 résulte d’investissements publicitaires et marketing trop élevés (au regard de la taille et de la sous-capitalisation de la société) et de pressions particulièrement fortes sur les prix de vente, du fait de la concurrence à laquelle se livrent les pure players de la vente en ligne. Le dernier exercice a, par ailleurs, été plombé par des frais exceptionnels de restructuration, liés à la réduction des effectifs.
Acquisition de pharmacies « en dur »
Au cours de ces derniers mois, la société a donc été contrainte de trouver de nouveaux financements. Un refinancement à hauteur de 200 M€, opéré en avril dernier sous forme d’obligations convertibles auprès du fonds Global Tech Opportunities, par l’intermédiaire du family office Alpha Blue Ocean (ABO). Ce dernier est entré au capital de Pharmasimple fin 2021, à l’occasion d’une augmentation de capital de 10 M€. Cette opération permet au site d’apurer ses dettes bancaires, de réduire sa dette fournisseurs et d’engager la transformation de son modèle d’affaires. Annoncé il y a quelques mois, le virage stratégique est de taille : Pharmasimple va réduire la voilure sur le numérique et pivoter vers un modèle de distribution omnicanal. Michaël Willems souhaite ainsi constituer, à horizon 5 ans, un réseau de 150 à 200 pharmacies « physiques », principalement en Belgique. La société, qui prévoit une trentaine d’acquisitions par an, vient d’annoncer le rachat de ses 7 premières officines, localisées à Bruxelles et en Flandre. Elles représentent un CA additionnel de plus de 7 M€ en année pleine et un apport d’environ 0,7 M€ au niveau de l’EBITDA. Ces pharmacies passeront à l’enseigne Pharmasimple, mais garderont une large autonomie dans leur organisation.
Cette diversification vers le off-line va permettre d’élargir le périmètre des produits commercialisés en ligne, l’intégration de pharmacies permettant au site de vendre des médicaments et de mieux valoriser le conseil officinal. À terme, le e-commerce ne devrait toutefois plus représenter que 20 % de l’activité. Ce virage stratégique doit permettre à Pharmasimple de retrouver le chemin de la croissance et de la rentabilité.
Pour aller plus loin, découvrez notre étude sur les e-pharmacies en France.
Pour aller plus loin, découvrez notre étude sur les e-pharmacies en France.