Pouvez-vous nous présenter la société Manang ?
Mathias Monier : Manang est une société implantée près de Grenoble, spécialisée dans la rénovation d’ouvrages d’art. J’ai fondé l’entreprise en 2012, mais je connaissais déjà bien cet univers auparavant, puisque j’étais Directeur commercial d’une PME de travaux de génie civil.
Pourquoi avoir eu l’envie de fonder votre propre structure ?
M. M. : mon ancien employeur et mentor, qui partait à la retraite, a cédé son entreprise à ses enfants. C’est à ce moment-là que nos routes se sont séparées… Je me suis alors retrouvé sans emploi au début de l’année 2012. Mais assez rapidement, j’ai été sollicité par des confrères de la profession pour venir rejoindre leurs équipes. Je me suis alors dit que si ces personnes étaient prêtes à me faire confiance pour développer leur activité, je n’avais, moi aussi, qu’à croire en mes chances !
Comment avez-vous lancé votre activité ?
M. M. : dans mon grenier, tout seul, j’ai commencé à remplir un fichier Excel avec quelques chiffres. Le coût d’un salarié, d’un local, de matériel… Je ne savais pas trop comment m’y prendre ni où tout cela allait m’amener, mais j’ai construit un business plan. J’ai ensuite démarché quelques banques qui, au début, n’ont pas donné suite.
Où avez-vous trouvé les fonds alors ?
M. M. : un jour, je me suis rendu à un forum de l’emploi dans un gymnase… vraiment le genre d’endroit qui ne paye pas de mine. J’ai présenté mon projet à un banquier qui y participait. Il m’a répondu « vous avez sauvé ma journée, je vous suis ! ». Et tout est parti de là. J’ai ensuite été lauréat 2012 du réseau Entreprendre et j’ai aussi bénéficié d’un prêt d’honneur chez Initiative Grésivaudan Isère, qui est membre du réseau France Initiative. En quelques mois, j’avais trouvé les fonds nécessaires et j’ai lancé l’activité en juin 2012, avec deux intérimaires.
10 ans après sa création, où en est Manang aujourd’hui ?
M. M. : Manang compte 43 collaborateurs en CDI et a réalisé 8,2 M€ de chiffre d’affaires en 2021. La progression a été très rapide. Dès la fin de l’année 2012, nous réalisions déjà 1,6 M€ de chiffre d’affaires, pour un business plan initial à 850 K€ !
Quelle est la clé de cette réussite selon vous ?
M. M. : nous avons misé sur la complémentarité de nos métiers. Au départ, nous étions spécialisés dans la rénovation des ouvrages en béton, comme des barrages, des ponts, etc. Puis, nous avons élargi nos savoir-faire aux réparations métalliques, à la pierre, aux réseaux sous pression et au terrassement. Non seulement cette diversification nous a ouvert de nouveaux marchés, mais elle nous a également permis d’accéder à des chantiers qui nécessitaient toutes ces compétences à la fois. Le fait de proposer une offre globale et un interlocuteur unique à nos clients fait vraiment la différence. C’est un positionnement atypique pour une PME comme nous. Grâce à cette couverture, nous arrivons à concurrencer les majors de la construction sur beaucoup de contrats.
Comment s’est faite cette diversification de vos métiers ?
M. M. : la première vraie diversification remonte à 2017, lorsqu’un de mes anciens collaborateurs, aujourd’hui associé à mes côtés, nous a rejoint pour développer une offre de réparations métalliques. Cela nous a permis d’intégrer un savoir-faire rare, surtout dans le rivetage à chaud qui est une technique d’assemblage ancienne utilisée, par exemple, sur la Tour Eiffel. Par la suite, j’ai acquis la société Glénat Rénovation, qui est spécialisée dans la restauration de monuments historiques. Là encore, cette opération nous a permis de nous doter de compétences très spécifiques, comme la taille de pierre et les travaux à la chaux pour la rénovation de chapelles ou d’églises.
Et puis en 2019, j’ai fondé une troisième société, NEOCEN, avec un autre associé. Elle intervient dans le domaine des travaux en montagne, notamment pour l’installation et la réparation des canons à neige.
Donc le périmètre de vos activités est en fait plus large que l’entreprise Manang ?
M. M. : oui, en réalité, en comptant Manang et nos deux autres sociétés, notre groupe réalise un chiffre d’affaires de 13 M€ pour 120 collaborateurs en pleine saison.
Quels sont vos principaux domaines d’interventions ?
M. M. : Manang réalise la moitié de son chiffre d’affaires environ dans la réparation d’ouvrages hydroélectriques. Nous sommes implantés au cœur des Alpes, où se concentrent les trois-quarts des moyens de production hydrauliques. Le reste se fait essentiellement auprès des collectivités territoriales pour l’entretien et la rénovation des infrastructures publiques comme les ponts.
Vous intervenez sur toute la France ?
M. M. : pour les ouvrages hydroélec-triques et la rénovation de monuments historiques, la demande locale est déjà très importante. Nous avons de quoi faire ! En revanche, pour les réparations métalliques, c’est un marché de niche. Nous intervenons sur tout le territoire.
Comment voyez-vous l’avenir ?
M. M. : nous sommes sur des marchés très porteurs. Malheureusement, les accidents comme celui du pont de Gêne nous ont rappelé à quel point il était primordial d’entretenir les ouvrages d’art en France. La prise de conscience est réelle aujourd’hui et les investissements suivent. De la même manière, la mise en lumière par Stéphane Bern du patrimoine, associée au dynamisme de la Fondation du patrimoine, ont réveillé le marché de la restauration des monuments historiques. Les signaux sont au vert !
Fiche d’identité
Dénomination : Manang et Glénat Rénovation
Activité : construction et réparation d’ouvrages d’art
Création : 2012
Effectif groupe : 120 personnes
Web : www.manang.fr