La situation ne s’améliore pas pour les chargeurs, les taux de fret du transport maritime continuent d’accrocher des niveaux historiques. L’indice global Freightos Baltic est certes repassé en dessous de la barre des 10 000 $ la semaine du 13 août, mais reste plus de 5 fois supérieur à son niveau d’il y a un (9 568 $ contre 1 848 $ le 14 août 2020). Le niveau élevé de cet indice masque des situations différentes selon les zones et le sens des trajets : l’indice est très élevé pour tous les trajets venant de Chine et de l’Est de l’Asie (même s’il s’inscrit en baisse début août en direction de la côte Ouest de l’Amérique du Nord), en particulier vers l’Europe (donc lorsque les navires circulent via le Canal de Suez). Les taux de fret sont beaucoup plus bas pour les trajets en partance d’Amérique du Nord ou d’Europe.
Cette situation s’explique par la concentration des porte-conteneurs et des conteneurs dans les « mauvaises zones », comme l’expliquait Alan Murphy, dirigeant du cabinet du conseil Sea Intelligence, à l’Antenne début juillet : « Nous sommes pratiquement à court de navires et de conteneurs vides, ces derniers étant pratiquement tous au mauvais endroit, à savoir partout ailleurs qu’en Asie prêts à être chargés ».
Le niveau élevé des tarifs est une aubaine pour les transporteurs maritimes alors qu’ils peinaient à trouver de la rentabilité au cours des 10 dernières années du fait des surcapacités et qu’ils doivent investir pour le renouvellement de leur flotte et la conversion au GNL (gaz naturel liquéfié) pour ainsi réduire leur empreinte énergétique. Les résultats records enregistrés en 2021 (EBITDA en hausse d’environ 230 % au 1er trimestre par rapport à l’année précédente pour l’activité maritime de CMA CGM et pour AP Møller-Maersk) devraient donc alimenter ces programmes d’investissement. CMA-CGM a, par exemple, passé en avril 2021 une commande de 22 porte-conteneurs, dont 12 GNL.