En amont des négociations sur la nouvelle convention pharmaceutique, l’Assurance maladie a mené en 2021 une analyse comparée des services en pharmacie entre plusieurs pays européens et la province de Québec (1). Il en ressort qu’au-delà des spécificités nationales ou régionales en termes d’offre de soins, la transformation du métier est générale et les pharmaciens sont invités à jouer un rôle de plus en plus important dans l’organisation des soins primaires. Une évolution qui répond à des difficultés d’accès aux médecins généralistes (pas assez nombreux, file active de patients trop longue, distances géographiques trop importantes…) et à des délégations de compétences destinées à désencombrer les cabinets médicaux. Dans certains cas, cette transformation remonte à plusieurs dizaines d’années, comme en Angleterre où les services pharmaceutiques sont soutenus par le NHS (2) depuis le début des années 2000. Le rapport met d’ailleurs en exergue l’essor, outre-Manche, des pharmaciens cliniciens dans le secteur des soins ambulatoires. Au nombre de 1 000 environ, ces professionnels sont rattachés à un cabinet médical et suivent des patients dans le cadre des coopérations interprofessionnelles (Primary Care Networks). Le NHS England soutient en parallèle les activités cliniques des pharmacies de ville, grâce au financement de consultations officinales pour la prise en charge des « petits risques », les conseils de santé et le dépistage de maladies chroniques (diabète, facteurs de risques cardiovasculaires, troubles respiratoires et accompagnement des personnes âgées). Autre exemple inspirant, celui de la Suisse, où les pharmaciens ont le droit de prescrire certains traitements (3) et assurer la vaccination, au-delà de la Covid-19 et de la grippe.
Le rapport constate la baisse tendancielle des rémunérations liées à la seule dispensation physique des médicaments. Comme en France, cette baisse est compensée par d’autres formes de revenus (honoraires de dispensation) et par le développement des services pharmaceutiques, que ces derniers soient financés par les assureurs ou payés directement par le patient. Certains pays étudiés expérimentent encore les systèmes de rémunération des services (Pays-Bas, Italie, Allemagne, Espagne) tandis que d’autres les ont rendus pérennes en les inscrivant dans le droit commun (Angleterre, Suisse, Belgique et Québec).
Pas de retard en France
Si les modalités réglementaires et administratives prennent dans notre pays beaucoup de temps, les pharmaciens français peuvent, en revanche, s’enorgueillir d’un cadre conventionnel pérenne, s’appuyant sur des engagements de long terme et des rémunérations solvabilisées par l’Assurance maladie. La France fait partie des pays européens où les services proposés aux pharmaciens sont les plus nombreux, derrière l’Angleterre, le Portugal et les Pays-Bas. La nouvelle convention pharmaceutique devrait encore conforter cette situation, avec le probable élargissement des services, tels que le dépistage du cancer colorectal, la prise en charge des infections urinaires, la vaccination, le portage à domicile et la prévention du mésusage médicamenteux chez les femmes enceintes.
(1) Missions et rémunération des pharmaciens : éclairages internationaux, Assurance maladie, janvier 2022.
(2) National Health Service.
(3) Dans le cadre du programme netCare.
Pour aller plus loin, découvrez notre étude sur les nouveaux modèles en pharmacie d'officine
(1) Missions et rémunération des pharmaciens : éclairages internationaux, Assurance maladie, janvier 2022.
(2) National Health Service.
(3) Dans le cadre du programme netCare.
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