Les démarches RSE ne revêtent pas en pharmacie la même dimension que dans les grandes entreprises. Mais les pharmaciens auraient tord de s'en désintéresser, tant il apparaît que la transition écologique et les principes de l'économie circulaire offrent une source d'économie non négligeable, un levier de croissance prometteur et un axe de différenciation intéressant à travailler. Une opportunité que quelques dizaines de pharmaciens ont d'ores et déjà saisie, à travers une refonte totale de leurs habitudes de travail et la mise en place d'une gestion éco-responsable de leur officine.
Une démarche en plusieurs volets
Si la « pharmacie éco-responsable » reste un concept émergent, les premiers retours d’expérience permettent de dégager plusieurs domaines d’actions.
Le premier concerne la gestion des achats avec, notamment, la priorité donnée aux marques locales et aux circuits courts. Le déréférencement des produits intégrant des substances controversées (cosmétiques, produits d’hygiène voire certains médicaments) s’inscrit aussi dans cette démarche.
Autre domaine évident, celui du tri sélectif des emballages, la chasse au vide et la gestion des déchets. Une gestion lourde et complexe, en raison du nombre important de colis reçus chaque jour et des politiques encore très hétérogènes des fournisseurs pour optimiser leurs livraisons.
L’aménagement intérieur et le choix de mobiliers respectant les normes environnementales représentent un autre volet du développement durable dans lequel certaines pharmacies investissent, à l’occasion généralement de travaux d’extension ou de modernisation. Car une pharmacie « verte » doit aussi être perçue comme telle par ses clients. A la fois par son ambiance et la place accordée aux univers où la naturalité et l’éco-conception des produits peuvent être valorisées : compléments alimentaires bio, cosmétiques solides, produits d’hygiène en vrac, consommables réutilisables… Une offre qui a toute sa place en pharmacie et qui rencontre un réel engouement, comme l’atteste la forte croissance des produits « bio » (+ 25 % entre 2019 et 2021 selon GERS DATA).
Enfin, autre grand volet de cette démarche, la certification ou la labellisation de l’officine, qui représente l’aboutissement de cet engagement et la reconnaissance des investissements consentis par le titulaire et son équipe officinale.
Les principaux engagements de la pharmacie éco-responsable
La mise en œuvre d’un environnement de travail de qualité (luminosité, qualité de l’air, réduction du bruit, véhicule électrique pour les livraisons à domicile…) et plus écologique, en tablant sur la réduction des dépenses d’énergie à l’officine (0 papier, économie d’énergie…).
L’élaboration d’une politique d’achats éco-responsables (suppression des produits fabriqués avec des substances controversées comme les ingrédients pétrochimiques ou les perturbateurs endocriniens, priorité donnée aux fournisseurs s’engageant dans la réduction de leur empreinte carbone, fabricants locaux…).
L’agencement du point de vente, le choix de matériaux naturels garantissant une empreinte écologique faible, la création d’espaces verts (exemple : mur végétal à l’intérieur ou à l’extérieur de la pharmacie), la mise à disposition d’un parking à vélos.
La participation à des filières de collecte, de tri et de recyclage, la mise à disposition de bac de tri pour la clientèle.
Article publié dans la revue Profession Pharmacien de novembre 2021.
Pour aller plus loin, découvrez l’étude publiée par Les Echos Etudes sur les enjeux du développement durable dans la santé