Signé début décembre, l’avenant 15 à la convention pharmaceutique officialise la téléconsultation en officine et définit le modèle économique de ce nouveau service.
Restée longtemps marginale, la téléconsultation devient un service pharmaceutique à part entière, doté d’un protocole spécifique et admis au remboursement par l’Assurance maladie. Un nouvel avenant à la convention de 2012 a, en effet, été signé le 6 décembre dernier entre Nicolas Revel, directeur général de la CNAM, et les représentants des deux principaux syndicats de pharmaciens, Gilles Bonnefond et Philippe Gartner. Concrètement, les téléconsultations peuvent désormais être organisées dans des pharmacies, à condition toutefois qu’elles soient réalisées dans un espace de confidentialité équipé d’un système de visioconférence et de dispositifs médicaux connectés (stéthoscope, otoscope, oxymètre et tensiomètre). Pour être remboursées, ces téléconsultations devront respecter les règles définies il y a quelques mois par l’Assurance maladie : consultation réalisée dans le cadre du parcours de soins, si possible sous la houlette du médecin traitant et sous réserve que celui-ci ait physiquement vu le patient au cours des 12 derniers mois (des dérogations sont prévues pour les patients qui n’ont pas de médecin traitant, soit 8 % de la population française, ou dans les cas d’urgence). Ce service a donc toute sa place dans le cadre du suivi au long cours des patients souffrant de maladies chroniques, pour un renouvellement d’ordonnance, une consultation en tant que telle ou un conseil médical entre 2 visites au cabinet du médecin. La montée en charge de ce nouveau service pharmaceutique sera particulièrement suivie dans les zones sous-médicalisées afin d’étudier en quoi il contribue à améliorer l’accès aux soins.
Pour ce service, le pharmacien sera rémunéré de manière forfaitaire : 200 € pour moins de 20 téléconsultations réalisées sur un an, 300 € de 21 à 30 téléconsultations et 400 € à partir de 31. Il sera à terme possible qu’un 4e forfait soit introduit pour les pharmaciens qui réaliseraient plus de 50 téléconsultations par an. Une autre rémunération est prévue pour couvrir les frais d’équipement : 1 225 € la première année (connexion ADSL, système de visioconférence, dispositifs médicaux connectés) et 350 € les années suivantes.
Convaincre les médecins et les patients
S’il est encore trop tôt pour estimer le nombre de téléconsultations qui seront menées chaque année en pharmacie, une chose est sûre, les pharmaciens devront faire face à un certain nombre d’obstacles. Le premier est la réticence voire l’hostilité d’une partie du corps médical, agacée par l’expansion des services pharmaceutiques (entretiens, bilans partagés de médication, vaccination contre la grippe, utilisation de test rapide d’orientation diagnostique…). Les réactions de syndicats de médecins ne se sont d’ailleurs pas fait attendre. MG France alerte notamment sur les risques que ferait courir un développement trop commercial de cette activité et souligne « le conflit d’intérêt potentiel du pharmacien d’officine qui initie la téléconsultation, en mettant de facto, une pression sur le prescripteur ». Autre frein : la méconnaissance d’une partie de la population à l’égard de la télémédecine. Selon une enquête réalisée récemment auprès de 8 000 personnes(1), 18 % seulement en ont une bonne compréhension et 99 % ne l’ont jamais expérimentée ! En revanche, 52 % se disent prêts à y recourir. Pour les pharmaciens, un travail de pédagogie et de communication va s’avérer nécessaire pour transformer ce nouveau droit en un service pharmaceutique à part entière.
Pour aller plus loin, consultez notre étude sur les perspectives des services en pharmacie.
(1) Enquête réalisée par Carte Blanche, la Société Française de Télémédecine (SFT) et l’Université de Montpellier.
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