Le secteur touristique français pourrait enregistrer un manque à gagner de 40 milliards d’euros sur trois mois. Selon les professionnels, la reprise sera ensuite progressive et favorable au tourisme de proximité.
Le secteur du tourisme, pilier majeur de l’économie française, est touché de plein fouet par la pandémie de Covid-19 et anticipe des pertes colossales. Au niveau mondial, l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) estime que les arrivées touristiques internationales pourraient se contracter de 20 à 30 % sur 2020. En comparaison, en 2009, la baisse des arrivées liée à la crise économique avait été de 4 %. Dans l’Hexagone, selon Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d’État en charge du tourisme, les pertes de la filière touristique pourraient atteindre 40 Md€ sur un trimestre. Avec l’annulation des vacances de printemps, pour le seul mois d’avril, le cabinet Protourisme évalue déjà le manque à gagner à 10 Md€ : 4 Md€ pour les hôtels et autres hébergements touristiques français, 6 Md€ pour les autres acteurs de la filière (transport dont compagnies aériennes, logistique et alimentation…). Au-delà de l’impact actuel, les professionnels s’interrogent sur la reprise. « Cette crise sera certainement longue parce qu’il y aura d’éventuelles répliques. Il va y avoir une peur du voyage, il faudra vraiment rassurer les voyageurs » indique Jean-Baptiste Lemoyne.
Reprise graduelle et priorité au tourisme de proximité
Les professionnels envisagent une reprise lente et progressive de l’activité cet été. Et le tourisme de proximité devrait être largement favorisé par rapport aux grands voyages. Selon Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage qui regroupent les agences de voyage françaises, la tendance déjà émergente à favoriser des voyages « plus protecteurs de l’environnement, peut-être moins fréquents, plus longs, utilisant des moyens de transport un peu plus neutres en carbone » devrait sortir renforcée de cette crise. C’est le même constat du côté du secrétaire d’État, Jean-Baptiste Lemoyne, qui indique « un développement accru du tourisme de proximité : les Français resteront peut-être plus sur le territoire national pour le redécouvrir ». C’est ce qui ressort également du baromètre lancé par Campings.com, le leader européen de la réservation d’hébergements en plein air sur internet. Celui-ci a réalisé une étude auprès de sa communauté de campeurs pour mesurer l’impact de la crise sanitaire actuelle sur leurs projets de vacances. Une large majorité des répondants (88 %) comptent partir en vacances en 2020. Mais le principal empêchement au départ en vacances cette année est logiquement lié au risque sanitaire si la crise du Covid-19 n’était pas maîtrisée. En conséquence, les réservations sont reportées car 91 % d’entre eux n’imaginent pas réserver leurs vacances avant la fin du confinement. Et d’ores et déjà, 9 Français sur 10 comptent rester sur le territoire, dont 40 % pour soutenir le tourisme en France.