La part du fret ferroviaire dans le transport de marchandises en France devrait progresser en 2022 pour la 2e année consécutive. Elle était déjà passée de 9,6 % en 2020 à 10,7 % en 2021. Mais les acteurs du secteur s’inquiètent d’ores et déjà d’un risque de retournement.
« La tendance de fond est favorable au rail, nous sommes revenus au niveau de trafic de 2015. Divers clients viennent en particulier désormais au ferroviaire dans un souci de verdissement de leurs approvisionnements, en ligne avec leur politique RSE. » a déclaré aux Échos, Frédéric Delorme, président du pôle fret de SNCF, Rail Logistics Europe (68 % du trafic national). Mais le bond du prix de l’électricité va fortement peser sur les marges des acteurs et enrayer la croissance. RLE estime que le surcoût par rapport à 2023 devrait atteindre 200 M€. Son président décrit, toujours aux Échos, « une situation aberrante, où l’on est pénalisé parce que l’on utilise de l’électricité alors que le fret par rail consomme 6 fois moins d’énergie qu’un poids lourd et émet 10 fois moins de CO2 ».
Mais si la situation est difficile pour le leader du fret ferroviaire, elle va l’être encore plus pour les plus petits acteurs qui achètent leur électricité auprès de SNCF Réseau, dont les tarifs ont été multipliés par 5 entre 2020 et 2023. Selon Frédéric Delorme, les aides sectorielles de l’État ne seront pas suffisantes pour compenser l’alourdissement des charges et celui-ci préconise même l’effacement des péages en 2023 pour compenser la crise. Les péages sont aujourd’hui compensés à 50 % ; ils l’étaient à 100 % en 2020 pour la 1re année de la pandémie.