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Élargissement des compétences vaccinales à d’autres professionnels de santé, rémunération en officine des dépistages rapides des angines et cystites bactériennes et prescription d’antibiotiques, allongement de la durée de renouvellement des ordonnances par les pharmaciens pour les pathologies chroniques… : la liste des tâches médicales confiées à d’autres acteurs de la santé n’a de cesse de s’allonger. Et ce n’est pas terminé. Un nouveau décret paru récemment au Journal officiel autorise les infirmiers en pratique avancée (IPA) à prescrire certains médicaments, examens et soins médicaux dont la décision revenait jusqu’alors au médecin traitant.
Quels changements pour les IPA ?
Depuis le 22 janvier dernier, les IPA pourront recevoir directement un patient et prescrire certains traitements sans que ces derniers aient été initiés par un médecin. De nouvelles attributions dont bénéficieront uniquement les IPA exerçant dans les établissements sanitaires ou médicaux-sociaux ou dans des centres et maisons de santé, ceux pratiquant une activité libérale faisant exception. Si la liste des traitements, soins et examens ainsi que les conditions à remplir doivent encore être validées par l’Académie nationale de médecine, le décret précise d’ores et déjà qu’elle concernera « des produits de santé ou des prestations soumis ou non à prescription médicale obligatoire ». De plus, les infirmiers diplômés d’État pourront désormais réaliser des actes prescrits non plus uniquement par des médecins, mais également par leurs confrères en pratique avancée. Une petite révolution pour la profession qui défend un élargissement de ses attributions depuis de nombreuses années.
Avec pour objectif sous-jacent d’améliorer l’accès aux soins des patients et plus particulièrement des malades chroniques, les IPA seront sollicités en fonction de leurs diverses spécialités : les pathologies chroniques stabilisées et les polypathologies courantes en soins primaires, l’oncologie, les maladies rénales chroniques ou encore les maladies psychiatriques.
Quelle est la position des médecins dans ce contexte ?
Le texte précise que l’IPA doit adresser le patient « sans délai au médecin traitant » lorsqu’il ne dispose pas des compétences pour assurer sa prise en charge et en informer « expressément ce dernier afin de permettre une prise en charge médicale dans un délai compatible avec l’état du patient ». En l’absence de médecin traitant, l’IPA pourra répertorier l’information dans le dossier médical partagé du patient et l’adresser vers un médecin ou une structure adaptée.
La profession médicale est loin d’accueillir favorablement cette nouvelle qui, une fois encore, rogne sur des tâches de pénibilité moindre. Si les syndicats de médecins ont exprimé leur désaccord, ils restent dans l’attente du retour de l’Académie française de médecine qui apportera un éclairage sur la marge de manœuvre des IPA et sur l’évolution des parcours de soins.
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