La croissance des produits hors monopole a permis de compenser la baisse des consultations médicales et l’érosion des ventes de médicaments.
Pour les pharmaciens d’officine, l’année 2020 s’est achevée sur un bilan particulièrement contrasté. Selon les données communiquées par le GIE Gers et Gers Data, les ventes réalisées en pharmacie sont demeurées globalement stables par rapport à 2019, à 36 089 M€ (+ 0,2 % en prix publics TTC). Malgré le fort recul des consultations médicales (- 5 % en médecine générale et de + 1 % à - 13 % selon les autres spécialités), le segment prédominant des médicaments remboursables a plutôt bien résisté. Il a même légèrement progressé de + 0,3 % (+ 87 M€), grâce à un effet prix positif et des classes thérapeutiques tirées par l’arrivée de nouvelles spécialités (passage en ville du traitement contre la mucoviscidose Orkambi® par exemple), des extensions d’indication ou la bonne dynamique de certains produits (progression des anticancéreux Tagrisso® et Imbruvica® ainsi que de l’anticoagulant Eliquis®…). En revanche, le segment des médicaments non remboursables a particulièrement souffert de la crise, avec une chute inédite de plus de 10 % des ventes en valeur (- 234 M€). Un recul qui s’explique par l’utilisation déconseillée de l’ibuprofène au début de l’épidémie, les gestes barrières et l’usage généralisé des produits antibactériens. Des mesures qui se sont, en effet, traduites par une baisse des grippes, rhumes, gastro-entérites et bronchiolites… et donc par un effondrement des produits d’automédication indiqués dans les maux de gorge et les états grippaux (- 26 %), la toux (- 27 à - 35 % selon les indications) et la diarrhée (- 21 %).
Boom des compléments alimentaires mais dermocosmétique à la peine
Si l’automédication a fortement reculé, le segment de la nutrition et des compléments alimentaires a enregistré une belle progression, de + 5,6 % en valeur (+ 73 M€ par rapport à 2019), grâce notamment aux promesses douleurs et fièvre, immunité/défenses naturelles, tonus/vitalité et sommeil. Une dynamique là aussi soutenue par le contexte sanitaire et les conséquences psychologiques de la crise. Inversement, les deux confinements et le port du masque ont porté un coup sérieux aux ventes officinales de dermocosmétique (- 1 % en valeur et - 2 % en volume, hors gels hydroalcooliques), en raison de la baisse significative des produits solaires, des soins du visage et du maquillage.
Expansion de la vaccination contre la grippe et des tests antigéniques
L’année 2020 a été aussi marquée par le développement de certains services en pharmacie. Déjà considérée comme un succès en 2019, la vaccination contre la grippe a confirmé qu’elle avait toute sa place en pharmacie. Toujours selon les données de Gers Data, la campagne 2020 s’est soldée par une augmentation de 14 % du nombre de vaccinations par rapport à 2019. Quant au dépistage de la Covid-19, plus de 3 millions de tests antigéniques ont été effectués en pharmacie, avec une nette accélération au cours des trois dernières semaines de l’année.
La crise sanitaire n’a pas seulement modifié certaines tendances de consommation et bouleversé les marchés officinaux. Elle a aussi entraîné un recul plus ou moins important de la fréquentation et du trafic en pharmacie. Sans surprise, ce sont les officines de proximité et des zones rurales qui ont mieux résisté que celles installées en centre-ville et dans les centres commerciaux (impact négatif du télétravail et des fermetures des magasins non essentiels dans les zones de forte chalandise). Ces tendances devraient se poursuivre au 1er semestre 2021, eu égard à la situation sanitaire de ce début d’année et à un probable 3e confinement.