Avec un recul de près de 2 %, l’année 2014 a été à nouveau marquée par une baisse des ventes en valeur des médicaments remboursables. Fortement exposée aux mesures d’économies pesant sur les dépenses pharmaceutiques, l’économie de l’officine est indéniablement fragilisée par le retournement du marché remboursable dont les perspectives à l’horizon 2017 sont orientées à la baisse (- 2 à – 3 % par an en moyenne). La fixation d’Ondam inférieurs à 2,5 % va se traduire par des économies annuelles de l’ordre de 2 à 2,5 milliards d’euros, dont près de la moitié pèseront sur le seul poste Médicament. Dans ce contexte, il est impératif de déconnecter progressivement la rémunération de l’évolution des prix et des volumes du remboursable. Le nouveau schéma de rémunération défini en 2014 répond à cet objectif. Il prévoit, à partir de 2016, une répartition quasiment équivalente entre la MDL et la part forfaitaire représentée par les honoraires à la boîte et à l’ordonnance. En parallèle, les rémunérations des missions « HPST » et les ROSP, financées par l’Assurance maladie, devront générer des revenus additionnels et permettre, « toutes choses égales par ailleurs », de compenser la perte de marge sur le médicament remboursable.
Malgré les menaces de dérégulation, le modèle économique de l’officine ne connaîtra pas de ruptures majeures
Ces nouvelles rémunérations permettront de consolider le modèle officinal français qui reste malgré tout solide, malgré l’offensive de M.E. Leclerc et les préconisations de l’Autorité de la Concurrence et de l’IGF en faveur d’une dérégulation de l’officine. A l’horizon 2017, l’organisation actuelle de la pharmacie d’officine ne sera pas fondamentalement transformée. Certes, le monopole officinal va évoluer, mais cette évolution va se faire à travers le changement de statuts de produits dits « frontière » et non par l’autorisation donnée à la GMS de commercialiser des produits avec AMM. Les modalités d’ouverture du capital des officines et la création de sites de vente en ligne vont être assouplies, mais elles resteront réservées aux seuls pharmaciens diplômés. Quelles que soient les évolutions à venir, la dérégulation « à la française » ne débouchera pas sur un modèle libéral anglo-saxon et sera loin d’être aussi brutale que celle à laquelle les pharmaciens italiens, portugais ou norvégiens ont été confrontée au cours de ces dernières années.
En revanche, la nécessaire diversification des activités officinales va se traduire par la consolidation du réseau autour de deux grands modèles ou profils d’officine
- La pharmacie « Business » ou « drugstore » qui, par sa taille et les volumes de vente, sera positionnée sur une offre compétitive en produits d’automédication et « hors monopole ». Elle sera plutôt localisée dans les centres commerciaux et les grandes banlieues. Les nouveaux services représenteront une partie marginale de son activité, probablement inférieure à 2 % de son CA. Ce type d’officine sera à même de développer une offre multicanal on line et off line sur l’automédication et la parapharmacie.
- La pharmacie spécialisée de proximité, centrée sur le suivi rémunéré des patients chroniques. Elle aura développé l’ensemble des services orientés « patients » (MAD, programme d’observance, entretiens pharmaceutiques, télémédecine...). Elle sera plutôt située dans les quartiers, les zones péri-urbaines et les zones rurales. Au total, les nouveaux services pourraient représenter à terme jusqu'à 10 % de son CA.