LA BIOLOGIE MÉDICALE AU MILIEU DU GUÉ

1 août 2018 par
LA BIOLOGIE MÉDICALE AU MILIEU DU GUÉ
LES ECHOS ETUDES

Entre modèle libéral et industrialisation, le secteur de la biologie médicale connaît des bouleversements sans précédent. Dans l’attente du prochain rapport de l’IGAS, les Académies de Médecine et de Pharmacie préconisent une pause dans les réformes en cours.
Lancée au début des années 2010, la réorganisation de la biologie médicale a entraîné une concentration inédite de ce secteur. Le nombre total de laboratoires de biologie médicale (LABM) est ainsi passé de 5 000 en 2008 à moins de 900 aujourd’hui, résultat des multiples fusions de laboratoires intervenues dans le secteur privé et des regroupements d’établissements hospitaliers dans le secteur public. Financée en partie par l’arrivée de fonds d’investissements (PAI, Cinven, Apax…) et de groupes industriels (Eurofins), cette concentration s’est traduite par l’émergence de réseaux puissants tels Cerba, Labco et Biomnis dont les chiffres d’affaires annuels dépassent les 200 millions d’euros. En parallèle, des groupements de laboratoires détenus exclusivement par des biologistes libéraux se constituent, tels Biogroup et Inovie (ex-Labosud, groupe qui rassemble 11 laboratoires multi-sites principalement localisés dans le sud de la France).  
Rendu public début juin, le rapport réalisé par les Académies de Médecine et de Pharmacie s’oppose à ce processus de financiarisation et d’industrialisation du secteur de la biologie médicale. Pour ses auteurs, « l’entrée des groupes financiers a eu pour conséquence une augmentation considérable des prix de rachat des laboratoires, pouvant actuellement atteindre plus de 300 % de leur chiffre d’affaires annuel ». Une hausse qui rend de plus en plus difficile l’acquisition de parts dans le capital des laboratoires, en particulier pour les jeunes biologistes au patrimoine limité. Après 10 ans de réformes et de pressions tarifaires continues, le secteur vit un moment crucial de son histoire. Peut-il garder ce modèle mixte, entre exercice libéral et organisation industrielle, ou va-t-il basculer vers le modèle allemand ou néerlandais, 100 % industriel et qui a vu la disparition des biologistes libéraux ?

Simplifier les procédures de certification et renforcer le rôle du biologiste de proximité
Afin de préserver les spécificités du modèle français, les propositions formulées par les Académies visent à valoriser les compétences des biologistes et leur place dans l’organisation des soins ambulatoires : renforcement du partenariat biologiste-prescripteur, plus grande implication dans les actes de prévention et de dépistage, association au fonctionnement des centres de santé et des maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP)… L’importance de la proximité physique est rappelée : maintien de l’obligation d’avoir la présence d’un ou plusieurs biologistes par site (en fonction du nombre de patients pris en charge) et exiger qu’ils y soient physiquement présents. Sur la question de l’accréditation complète des activités des laboratoires, les auteurs souhaitent que les obligations et procédures actuelles soient allégées : remplacement de l’obligation d’accréditation des analyses rarement effectuées ou très spécialisées par d’autres processus d’évaluation plus appropriés, et recours à des évaluations plus techniques que normatives.
Les Académies seront-elles entendues par l’Inspection générale des Affaires sociales (IGAS) et l’Inspection générale des finances (IGF) qui préparent actuellement un rapport sur l’efficience et l’avenir du secteur ? Ce rapport, dont la publication est prévue d’ici la fin de l’été, devrait préciser l’orientation décisive du modèle français.

Pour aller plus loin

LA BIOLOGIE MÉDICALE AU MILIEU DU GUÉ
LES ECHOS ETUDES 1 août 2018
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