Le Conseil national de l’Ordre des architectes (Cnoa) tire la sonnette d’alarme. Alors que le secteur de la construction fait face à de graves difficultés d’approvisionnement, l’Ordre a commandé auprès du Credoc une note de conjoncture destinée à évaluer l’impact de la crise des matériaux sur la filière, et en particulier sur les architectes. L’objectif affiché est de fournir une analyse objective de la situation, qui doit ainsi servir de support au dialogue avec la maîtrise d’ouvrage. Car depuis l’été 2021, l’indisponibilité de certains matériaux et les hausses de prix, accentuées par la guerre en Ukraine ces dernières semaines, pèsent sur l’activité des architectes et créent des tensions croissantes entre la profession et leurs clients.
Une des premières conséquences de la dégradation des conditions d’approvisionnement est le renchérissement des coûts de construction, alors qu’ils étaient déjà à un niveau élevé. Une situation qui rend compliqué le respect des engagements pris sur le coût prévisionnel des travaux et amènent les maîtres d’œuvre à revoir régulièrement les projets à la baisse pour contenir les budgets. Selon le Cnoa, 60 % des architectes constatent que leurs clients avaient prévu de modifier leurs projets pour en amoindrir le coût. Or, ce temps passé à la reprise des études par les maîtres d’oeuvre est non rémunéré et sonne comme une pénalité aux yeux de la profession. C’est pourquoi, l’Ordre demande que ce temps fasse désormais l’objet d’une facturation.
Autre conséquence de la crise des matériaux, la durée prévisionnelle des chantiers ne cesse d’augmenter. D’après une enquête du Cnoa de novembre 2021, la moitié des chantiers subissent des retards provoqués par le manque d’approvisionnement en matériaux, avec des dépassements de délais compris entre 10 % et 30 % du délai initial. Le CCGA « maîtrise d’œuvre » 2021, le cahier des clauses administratives générales, qui régit depuis septembre 2021 les marchés publics de maîtrise d’œuvre, a permis de reconnaître les difficultés rencontrées par les maîtres d’œuvre lorsque la durée des chantiers dépasse de plus de 10 % la durée originellement prévue. Il incite, dans ce cas, les parties à se rapprocher pour entamer un dialogue. Le Cnoa demande aujourd’hui que les contrats publics passés avant cette date soient, eux aussi, soumis à cette même disposition, en appliquant le dispositif de l’article 15 du CCGA maîtrise d’œuvre, y compris pour les contrats qui ne relèvent pas de ce régime.
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