[INTERVIEW] NOUS BOOSTONS LA PERFORMANCE DES FLOTTES AUTOMOBILES

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Quel a été votre parcours avant de lancer CleanMob ?

Salah El Hajji : je suis passionné d’automobile et de physique depuis mes années lycée au Maroc. Aussi, après mon bac, je suis venu en France pour suivre une classe préparatoire, puis une école d’ingénieur où je me suis spécialisé en mécanique des fluides et en combustion, l’ENSEEIHT de Toulouse. J’ai, par la suite, complété ma formation en énergie et groupe motopropulseur à l’École du pétrole et des moteurs de Paris (IFP School). J’ai commencé ma carrière chez Volvo Group, dans le cadre d’un « graduate program international », ce qui m’a permis de travailler en Inde, en Suède, aux États-Unis et en France. Mon travail consistait à interpréter l’action du conducteur lorsqu’il appuie sur l’accélérateur. Autrement dit, à traduire cette action en décisions que devaient prendre les systèmes de contrôle du véhicule. Cela impliquait de développer des modèles de « machine learning » destinés à rendre ces ordinateurs de bord plus « intelligents ». Cela permettait, entre autres, de remplacer des capteurs physiques par des algorithmes et, ainsi, de générer des gains financiers mais d’avoir des motorisations plus efficaces. J’ai fait ce métier pendant 7 ans et c’est comme ça que m’est venue l’idée d’appliquer cette approche à la télématique automobile.

Qu’appelez-vous la télématique automobile ?

S. E. H. : la télématique automobile, également appelée télémétrie, est un ensemble de techniques destinées à récupérer des données de fonctionnement d’un véhicule ou d’un système pour l’optimiser. Il peut s’agir, par exemple, des données relatives au régime du moteur, au niveau de carburant, au niveau d’huile, aux codes défauts du véhicule. Des données qui vont permettre de prendre les bonnes décisions au bon moment. Historiquement, pour récolter ces données, il fallait connecter au véhicule un boîtier coûteux et lourd à installer. Or, depuis quelques années, les nouveaux véhicules sont nativement équipés d’un système qui permet aux constructeurs de récupérer la donnée brute. Une nouvelle connectivité qui change la donne en matière de télématique. J’en ai parlé à mon frère, qui est également mon associé et, ensemble, nous nous sommes dit qu’il pouvait être intéressant de proposer une solution télématique performante et fiable, sans boîtier additionnel, et adaptée aux motorisations thermiques, hybrides et électriques.

Avez-vous rencontré des difficultés pour lancer votre entreprise ?

S. E. H. : partir d’une feuille blanche est, à la fois, délicat et excitant. Je crois que tous les entrepreneurs aiment résoudre un problème en partant de rien, même s’il faut relever quelques défis. Dans le cas présent, il fallait, tout d’abord, se convaincre, Khalil et moi, de la pertinence et de la faisabilité de notre concept. Nous sommes donc allés rencontrer des clients potentiels, des chargés d’achat de grands groupes et des gestionnaires de flottes, notamment dans des salons spécialisés. Cela nous a permis de confirmer qu’installer des boîtiers additionnels coûtaient cher et que les données remontées n’étaient pas toujours fiables, ni pertinentes pour les utilisateurs. Il y avait donc un besoin. Ensuite, il a fallu convaincre d’autres ingénieurs et informaticiens de rejoindre notre équipe pour construire les premières briques de nos algorithmes, mais aussi convaincre nos premiers clients de nous faire confiance. Nous avons réussi à convaincre des investisseurs ce qui nous a permis de réaliser notre premier tour de table.

Pouvez-vous nous décrire l’offre de CleanMob ?

S. E. H. : on s’adresse à toutes les entreprises qui gèrent des flottes automobiles pour leur permettre d’optimiser leurs performances, soit en termes de coûts, soit en termes d’émissions de CO2, de consommation énergétique, de maintenance ou encore de suivi kilométrique, le tout en temps réel. Tout cela sans les obliger à faire installer un boîtier additionnel. Une opération coûteuse et qui impose d’immobiliser le véhicule. Concrètement, nous nous interfaçons avec le constructeur automobile pour récupérer les données brutes de chaque véhicule, puis nous les traitons avec nos algorithmes. En termes de services, nous offrons au gestionnaire de flotte une application web, qui lui permet d’avoir une vision à 360° de toute sa flotte. Ce tableau de bord est également doté d’un système d’alerte destiné à faciliter la gestion de la flotte en informant le gestionnaire, notamment, des actions préventives à mener sur chaque véhicule. Des actions qui peuvent porter sur l’entretien technique d’un véhicule, sur la gestion des contrats qui y sont associés ou encore sur la manière dont il est utilisé. À ce propos, une application mobile utilisée par le conducteur complète le dispositif. Portée par une IA, elle lui permet, via son smartphone, d’avoir un retour sur sa conduite et sur la maintenance du véhicule : historique des trajets, score de conduite, consommation réelle… avec pour idée, non pas de le surveiller, mais de lui permettre d’améliorer sa conduite et de l’aider à entretenir le véhicule, notamment grâce à un coach virtuel qui lui délivre des conseils.

Où en êtes-vous aujourd’hui et comment imaginez-vous CleanMob dans 5 ans ?

S. E. H. : nous avons créé CleanMob en 2021. Et après 2 ans de R&D, nous avons commencé à signer nos premiers contrats. Aujourd’hui, nous avons plusieurs dizaines de clients, des structures à taille humaine qui gèrent 50 véhicules, mais aussi des groupes comme Asten Santé (filliale du groupe La Poste) qui en administrent jusqu’à 2 000. Dans 5 ans, si tout va bien, nous aurons consolidé notre position et nous serons présents dans toute l’Europe et aux États-Unis.

Fiche d'identité

Dénomination : CleanMob
Activité : Analyse en enrichissement des données brutes des véhicules connectés
Création : 2021
Effectif : Une dizaine de personnes
Web :www.cleanmob.eu

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