Pourquoi avoir créé Dromy ?
Oweis Seddiki : l’idée de Dromy m’est venue à la suite d’un stage réalisé dans un fonds d’investissement allemand, chez qui nous voulions créer le concurrent de Deliveroo. Grâce à cette expérience, j’ai fait 2 constats flagrants. Le premier est que le transport est un métier à part et pas juste une branche qu’on peut pluguer facilement à son business. Le second constat est que pour beaucoup d’entreprises, le livreur est en quelque sorte leur vitrine car c’est le seul lien physique avec les clients. Il y avait donc un réel besoin pour cette industrie naissante de la foodtech de partenaires logistiques fiables et formés à leurs standards de qualité. C’est comme ça que Dromy est né en 2019.
Que fait Dromy ?
O. S. : Dromy est un service de livraison sur-mesure pour les entreprises à fort impact sociétal. Il y a deux valeurs au centre du projet. La première, c’est l’environnement : 100 % de la flotte est écologique, du vélo jusqu’au camion frigorifique. La deuxième, c’est l’aspect social : nous avons noué différents partenariats pour pouvoir faire de l’insertion professionnelle.
Quel est le statut de vos chauffeurs ?
O. S. : nous avons un modèle hybride. Dans le cadre de l’insertion professionnelle, nous imposons le statut salarié. Sur les recrutements « classiques », nous laissons le choix aux candidats. Au départ, nous avons essayé de faire du 100 % salarié, mais nous perdions certains profils comme les étudiants, les salariés qui recherchent un complément de revenus… Donc, nous avons décidé d’être plus souples et de laisser le choix entre le statut salarié et le statut d’indépendant.
Mais dans les deux cas, nous maîtrisons la qualité de service sur le terrain et c’est nous qui fournissons le véhicule. Nous intégrons le collaborateur, par ailleurs, totalement dans l’équipe pour développer une relation stable et garantir la qualité de service qui est très importante et nous distingue de beaucoup de nos concurrents.
Justement, quelles sont vos forces par rapport à vos concurrents ?
O. S. : tout d’abord, cette qualité de service. Nous ne sommes pas une plate-forme qui lance juste des courses et accepte des livreurs indépendants avec leur propre matériel ne répondant pas forcément aux normes. Nous respectons toujours le cahier des charges de nos clients, et il y a un réel suivi derrière, ce qui est primordial. Nous avons un taux de service de plus de 98 %.
Par ailleurs, nous proposons un service en adéquation avec les valeurs de nos clients sur les questions environnementales et sociales.
Enfin, notre force, c’est de faire du sur-mesure, c’est-à-dire nous adaptons notre service à toutes les contraintes logistiques de nos clients. Alors que certains acteurs se spécialisent sur un véhicule, nous proposons à nos clients tous types de véhicules : vélo, vélo-cargo, triporteur, scooter électrique-cargo, utilitaire et utilitaire frigorifique électrique. Cela permet à nos grands comptes de centraliser tous leurs besoins sur un seul partenaire, et cela nous permet de répondre aux besoins de la plupart des secteurs d’activité. Nous laissons aussi aux clients le choix des horaires de ramassage des colis, de livraison à leurs clients finaux… Et nous leur proposons aussi le branding des véhicules pour leurs actions marketing ainsi que des services annexes : aide à la préparation des commandes, totalement ou partiellement, stockage… Donc la personnalisation est assez poussée et cela nous différencie vraiment de la plupart de nos concurrents.
Quels sont vos principaux secteurs clients ?
O. S. : je dirais la foodtech principalement, car c’est historiquement l’activité avec laquelle nous avons débuté. Ensuite, je dirais les fleurs, puis tout le e-commerce… Grâce à la diversité de notre flotte, nous pouvons vraiment travailler avec beaucoup de secteurs.
Comment vous êtes-vous développés ?
O. S. : j’étais déjà dans le domaine de la foodtech donc je connaissais très bien les entreprises présentes, ce qui m’a permis de pouvoir prospecter efficacement. Au départ, c’était uniquement moi qui faisait la prospection, donc c’était beaucoup de démarchage sur le terrain. Ce qui nous a aidé, ce sont nos beaux résultats, et donc après, nous avons bénéficié du bouche-à-oreille des clients satisfaits. Cela a été difficile car nous n’avions pas d’appui financier, pas de campagne de communication… Mais c’est aussi un point sur lequel nous sommes fiers en interne, d’avoir monté et fait perdurer la structure seuls, en autofinancement. Ce qui prouve aussi aux futurs investisseurs – car nous sommes actuellement en cours de levée de capitaux – que nous savons gérer des fonds.
Quels sont vos projets de développement ?
O. S. : actuellement, Dromy est présent à Paris, Bordeaux et Lyon. Après la levée de fonds que nous souhaitons boucler dans les prochains mois, notre objectif est de nous développer dans les autres grandes métropoles françaises dès cette année, Nantes, Nice, Marseille… puis ensuite à l’international, d’abord dans les grandes villes européennes. Nous avons aussi à cœur de développer la logistique et nos solutions innovantes au Maroc car nous sommes soutenus depuis l’année dernière par le fonds Afrimobility qui y est implanté, et aussi car il y a un réel marché là-bas sur lequel nous aimerions être les pionniers.
Le second projet, c’est de continuer à développer notre réseau de hubs urbains. Actuellement, le modèle des grosses structures est d’avoir un énorme entrepôt en banlieue. Les hubs urbains permettent de rapprocher les stocks des consommateurs, en faisant d’abord une navette depuis les entrepôts des clients, puis en livrant leurs propres clients en mobilités douces. Cela permet de dépolluer et désengorger la ville. C’est un modèle qui fonctionne, nous l’avons prouvé à Paris, donc nous voulons continuer à le développer dans toutes les villes dans lesquelles nous nous implantons.
Fiche d’identité
Dénomination : Dromy
Activité : livraison du dernier kilomètre
Chiffre d’affaires 2022 : 1,8 M€
Nombre de collaborateurs : une centaine de salariés et indépendants
Web : www.dromy.fr