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Pouvez-vous me parler de votre parcours et de ce qui vous a poussé à créer votre entreprise ?
William Duzac : je suis issu d’une famille d’agriculteurs donc j’ai fait plutôt des études dans le but de devenir agriculteur que transporteur. Mais mon père, qui avait une exploitation agricole, a toujours été passionné par le métier du transport. Et pendant mes études, il a créé une petite entreprise de transport avec 5-6 chauffeurs. Après avoir fini mes études agricoles, j’ai passé mes permis et j’ai commencé à travailler dans son entreprise en tant que chauffeur.
En 2011, quelques-uns de ses plus gros clients ont refusé des augmentations de tarifs, donc l’entreprise n’était plus viable économiquement. Mon père a alors pris la décision de fermer son entreprise. J’ai dû faire un choix : soit rester simple chauffeur, soit me lancer avec mon propre camion pour voir. C’est comme cela que tout a démarré en 2012, finalement avec 2 camions. Mon père est resté chauffeur dans mon entreprise, DW Trans, et j’ai démarré comme patron-chauffeur. Je n’étais pas nécessairement voué à faire ça, c’est un peu le hasard.
Quelles sont les activités de l’entreprise ?
W. D. : historiquement, nous faisions de la location avec chauffeur de camions semi-frigorifiques, une activité qui représente encore actuellement 70 % de notre chiffre d’affaires. Mon premier client a été Lidl, et aujourd’hui nous travaillons pour toutes les enseignes de la grande distribution. Petit à petit, j’ai essayé de diversifier notre activité pour sécuriser au maximum notre portefeuille clients. Aujourd’hui, nous avons élargi notre flotte de camions au-delà des semi-frigorifiques, ce qui nous permet de faire du transport frigorifique, de produits pharmaceutiques, mais aussi du transport de marchandises générales sur des secteurs nationaux. Nous avons investi pour être capables de proposer différents types de transports pour le BTP : transport d’enrobés, de sable, évacuation de gravats, transport d’engins de chantier…
Comment s’est déroulée cette diversification ?
W. D. : les premières années, Lidl représentait jusqu’à 70 % de notre chiffre d’affaires donc ça n’était pas très sécurisant, ni pour nous, ni pour le client. Après les 2-3 premières années, je n’ai eu de cesse de démarcher des nouveaux clients et des nouveaux marchés. Nous avons essayé de nous positionner sur des activités assez spécifiques, moins sur le transport « classique » sur lequel il y a beaucoup plus de concurrence et où les prix ne sont pas toujours au rendez-vous. Et depuis 2012, nous faisons à peu près 30 % de croissance de notre chiffre d’affaires chaque année. Ce qui nous a aidé, c’est notre très bonne image de marque et notre qualité de service – et c’était un point très important pour moi depuis la création de l’entreprise. Notre exploitation est disponible 24h/24 et 7j/7. Nous avons également un atelier interne et un véhicule de dépannage, lui aussi disponible 24h/24 et 7j/7. La principale problématique a plutôt été le recrutement, c’est compliqué d’agrandir les équipes chaque année.
Certaines entreprises du secteur ont également été mises en difficulté par la hausse des coûts, est-ce que c’est une problématique pour vous ?
W. D. : oui, c’est un sujet, bien sûr, comme pour tout le monde. Mais notre bonne image de marque nous permet de négocier plus facilement les tarifs avec les clients, qui globalement nous suivent sur ce point. J’essaie d’être le plus clair et transparent avec eux : le coût du camion, du chauffeur… Mais de toute façon, ils savent très bien combien ça coûte. En général, nos clients répondent présents. Notre diversification nous protège également, et c’est pour cela que c’était important. Si un client refuse les augmentations de tarifs, on peut plus facilement se permettre d’arrêter de travailler avec lui.
Avez-vous dû investir dans une flotte plus verte ?
W. D. : nous répondons aux demandes des clients et, pour l’instant, le choix s’est porté sur le gaz comme énergie alternative. Il y a une problématique de coûts avec les autres énergies.
Évidemment, je suis pour, mais il faut que les clients veuillent suivre. Ensuite, sur quelle énergie alternative partir ? Il n’y a pas de ligne de conduite claire aujourd’hui. Les clients ont aussi des doutes, surtout dans le contexte actuel. La conjoncture économique fait que personne ne prend trop de risques donc ça freine un peu les changements.
Quels sont vos projets dans les prochaines années ?
W. D. : je viens de vendre mes parts de la société au groupe Izaret, dont le siège est basé près de Limoges et qui a des sites à Bordeaux, en région parisienne ou encore en Vendée. Ils interviennent dans des activités similaires aux nôtres – nous avons beaucoup de clients en commun. Cela va permettre de développer l’entreprise dans le Sud-Ouest. C’est une bonne opportunité pour les équipes et cela va permettre de continuer l’évolution de l’entreprise de façon plus sereine. De mon côté, je reste dans l’entreprise en tant que directeur de site.
Pourquoi avoir décidé de céder l’entreprise ?
W. D. : cela fait 12 ans que j’ai créé l’entreprise. Il y a eu beaucoup de réussites mais aussi beaucoup d’usure. Le groupe Izaret m’a contacté l’année dernière, ce n’est pas nécessairement quelque chose que je recherchais. L’aspect financier a, bien sûr, été important mais c’est la belle rencontre avec le dirigeant, Thibault Izaret, qui m’a décidé.
Nous sommes sur la même longueur d’onde, nous avons les mêmes idées. C’est une façon aussi pour moi de continuer à évoluer mais avec certaines obligations en moins.
Fiche d’identité
Dénomination : DW Trans
Activité : transport frigorifique, de marchandises générales, de travaux publics…
Chiffre d’affaires : 17,0 M€ en 2022
Croissance : > +35 % en moyenne par an entre 2019 et 2022
Web : www.dw-trans.fr
Copyright : Les Echos Publishing
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