Quel a été votre parcours avant de vous lancer dans l’aventure TOLV ?
Wadie Maaninou : j’ai d’abord suivi un cursus d’ingénieur dans les réseaux électriques à l’INP de Grenoble. Une formation que j’ai complété avec un diplôme d’ingénieur économiste décroché à l’École nationale supérieure du pétrole et des moteurs, l’IFP School. Cette seconde formation, menée en alternance dans un cabinet conseil spécialisé en management et en innovation, m’a permis de me familiariser avec la gestion financière et l’économie appliquée au secteur de l’énergie.
Comment est née l’idée de créer TOLV ?
W. M. : tout a commencé pendant mes études d’ingénieur à Grenoble. Compte tenu de la spécialisation de l’école dans la gestion de l’énergie, nous avons tous été sensibilisés aux problématiques sociales et environnementales. Et bien entendu, à l’intérêt de réduire les émissions de gaz à effet de serre, de favoriser le déploiement des énergies renouvelables et des solutions favorisant l’efficacité énergétique. Tout cela est venue confirmer ma volonté de me lancer dans un projet à impact environnemental et social, et plus largement d’exercer une activité professionnelle qui ait du sens. Concrètement, tout a pris corps dans le cadre d’un module d’enseignement dédié à l’entrepreunariat. Avec un autre étudiant, nous nous sommes dit que c’était une opportunité à saisir pour travailler sur un projet concret, en l’occurrence, le remplacement de plus d’un milliard de véhicules thermiques par des véhicules électriques plus propres. Et nous sommes partis de deux constats : produire un milliard de nouveaux véhicules électriques n’est pas la solution la plus écologique et l’approche très artisanale du rétrofit, souvent réservé aux véhicules de collection, ne permettra pas d’envisager de convertir à l’électrique massivement et à des prix compétitifs des flottes entières de véhicules. Bâtir une offre industrielle de conversion de véhicules thermiques nous a donc semblé être la meilleure solution écologique et économique pour répondre à cet impératif de transition. C’est l’ambition de TOLV que nous avons cofondé dès nos diplômes en poche.
Pourquoi vous être orientés vers les utilitaires et le BtoB ?
W. M. : nous avons fait nos armes sur une Clio. Cela nous permis de prouver que nous étions capables d’électrifier un véhicule, mais aussi que les solutions sur étagère proposées pour le rétrofit artisanal n’offraient pas des performances très élevées, notamment en termes d’autonomie. Nous avons donc commencé à internaliser des compétences pour adapter les composants des kits de conversion au véhicule qui les accueille. Et pour faire baisser le coût moyen de notre solution, et ainsi devenir compétitif, nous avons cherché à identifier un segment de marché de véhicules plus lourds, peu diversifiés et détenus dans le cadre de flottes. Nous sommes ainsi passé de la Clio à l’utilitaire léger comme le Renault Trafic et le Renault Master. En outre, comme il est plus rationnel d’aller chercher un client qui possède 50 véhicules d’un même modèle que 50 clients ayant des besoins différents, nous sommes allés vers le BtoB. Ainsi, nous nous adressons aux collectivités, aux PME et aux grands groupes.
Quelle autonomie offre vos solutions ?
W. M. : sur un Renault Trafic, c’est entre 120 et 150 km et entre 150 et 200 km pour un Master. Nous n’avons pas souhaité aller au-delà pour préserver un plus grand volume de charge, réduire le prix, mais surtout car ce n’était pas utile. Nous nous sommes rendus compte que ces utilitaires étaient surtout utilisés par des professionnels qui roulent en zone urbaine et périurbaine et qui ne parcourent pas plus de 150 km par jour. À ceux qui souhaitent rouler sur des distances plus longues, nous proposons une option de charge accélérée qui permet de « faire le plein » en moins d’une heure sur une borne rapide. Financièrement, nous facturons la conversion d’un Trafic moins de 20 000 € et celle d’un Master moins de 25 000 €. Sur le Trafic, nous assurons toute la prestation en interne. Nous avons monté une usine pilote qui assure la production des batteries et des kits, ainsi que la conversion des véhicules. Pour la conversion des Master, nous avons signé un partenariat avec le groupe Renault.
Quelles sont les prochaines étapes du développement de TOLV ?
W. M. : nous sommes en phase d’industrialisation avec les premières livraisons de Renault Trafic. Pour le Master, c’est l’an prochain que nous achèverons le déploiement de notre partenariat avec le groupe Renault. Cet accord est assez ambitieux puisqu’il prévoit la commercialisation, sur 2024-2025, d’un millier d’unités en France. Cela devrait représenter un chiffre d’affaires de 30 M€ pour TOLV. Cet accord constitue pour nous un très bel accélérateur industriel, mais aussi une reconnaissance de notre sérieux et de nos compétences. Nous sommes actuellement en négociation avec Renault pour poursuivre ce partenariat au-delà de 2025 avec, à la clé, l’intégration de nouveaux modèles et un déploiement dans toute l’Europe.
Comment imaginez-vous TOLV dans 5 ans ?
W. M. : dans 5 ans, j’espère que le partenariat avec Renault sera un succès et que nous serons présents dans toute l’Europe avec toute une gamme d’utilitaires légers électrifiés. Je nous vois, dans le même temps, nous recentrer sur des activités de développement technologique nous permettant d’enrichir notre portefeuille de titres de propriété intellectuelle, de brevets, de design, d’homologations. Autant de solutions dont nous assurerons l’industrialisation au travers de partenariats comme celui que nous avons signé avec le groupe Renault.
Fiche d’identité
Dénomination : TOLV
Activité : conversion électrique d’utilitaires légers
Création : 2018
Effectif : 32 personnes
Web : http://tolv-systems.com/