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Comment l’aventure d’Owkin a-t-elle débuté ?
Agathe Arlotti : Owkin a été fondée en 2016 par Thomas Clozel, hématologue et ancien chef de clinique à l’AP-HP de Paris, et Gilles Wainrib, qui était alors maître de conférences en informatique appliquée à l’École Normale Supérieure. Initialement installée à Paris et New York, sa présence s’est depuis étendue en Amérique du Nord et en Europe.
Pourriez-vous décrire la société Owkin ?
A. A. : Owkin est une entreprise de biotechnologie spécialisée dans l’intelligence artificielle qui ambitionne de trouver un traitement adéquat pour chaque patient. Chez Owkin, nous combinons intelligences humaine et artificielle pour apporter plus rapidement de nouveaux traitements et outils de diagnostic aux patients.
À quel stade de développement se trouve la société ?
A. A. : Owkin est une scale-up. Nous avons levé 304,1 M$ et sommes environ 365 employés aujourd’hui. La société est devenue une licorne grâce à des investissements de multinationales biopharmaceutiques comme Sanofi ou encore BMS, et de fonds de capital-risque.
Quel est votre parcours ? Pourquoi avoir rejoint Owkin il y a 3 ans ?
A. A. : ingénieure agronome de formation, spécialisée en santé et nutrition humaine, j’ai développé une expertise en R&D : de missions de recherche académique, à la gestion de projets dans de grands groupes agroalimentaires, en passant par la valorisation de la recherche dans des centres hospitaliers à l’international. J’ai découvert Owkin dans le cadre d’un challenge sur l’IA porté par la région Île-de-France. La capacité d’Owkin à embarquer ses partenaires a suscité mon intérêt, notamment celui de travailler avec des personnes de renom, comme le Professeur Fabrice André, directeur de la recherche à Gustave Roussy.
Quel est votre rôle au sein de la société ?
A. A. : mon objectif est de fournir des données de santé - lesquelles servent de données d’entrée pour construire nos modèles d’IA - via la construction d’un réseau de partenaires académiques et hospitaliers à travers l’Europe et l’Amérique du Nord. J’accompagne une équipe de 40 personnes sur l’intégralité du cycle de la donnée, de la cartographie des sources de données de santé jusqu’à la livraison auprès des data scientists d’une donnée prête à être utilisée en interne.
Quels types de données sont utilisés et comment fonctionnent ces partenariats ?
A. A. : nous utilisons des données multimodales issues d’hôpitaux et de centres de soins, à savoir des données cliniques, des lames d’histologie, ou des données moléculaires (issues de la génomique, la transcriptomique spatiale, etc.). Nous apportons à nos partenaires un soutien financier pour les enrichir, et les standardiser (les « nettoyer »), ce qui les rend exploitables pour leurs propres projets de recherche. C’est un échange gagnant-gagnant.
Quelles sont les principales activités de la société ?
A. A. : via nos modèles d’IA, nous identifions de nouveaux biomarqueurs, des sous-populations de répondeurs, de nouvelles cibles et molécules, réduisons les risques des phases de développement, accélérons les essais cliniques et développons des diagnostics améliorés. Nous combinons des expériences en laboratoire avec des techniques avancées de l’IA pour créer une boucle de rétroaction puissante favorisant la découverte et l’innovation accélérées dans les domaines de l’oncologie, des maladies cardiovasculaires, de l’immunité et de l’inflammation, et de la neurologie.
Qu’apportez-vous concrètement à ces clients ?
A. A. : nous pouvons identifier des biomarqueurs, définir des populations cibles idéales pour tester un candidat-médicament, et plus globalement les aider à mieux designer leurs essais cliniques. Nous attaquons les enjeux phares du secteur pharma : raccourcir le délai et les coûts liés à la R&D, et augmenter la probabilité de succès. Le taux d’échec d’une molécule candidate en R&D est très élevé, et les délais particulièrement critiques. Chez Owkin, notre objectif est de créer un faisceau de preuves pour dérisquer les projets R&D.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vos deux outils de diagnostic ?
A. A. : le premier, MSIntuit® CRC, permet d’affiner le dépistage du cancer colorectal à partir de lames de pathologies numérisées pour statuer sur la nécessité de traiter. Le second, RlapsRisk® BC, est un outil qui permet de déterminer le traitement le plus adapté à chaque patiente souffrant d’un cancer du sein à un stade précoce.
Quelles sont les plus belles réussites de la société à date ?
A. A. : nous disposons d’un portefeuille de 4 programmes R&D, d’une molécule qui va entrer en phase clinique et de 2 tests diagnostiques en développement. C’est un succès que nous avons construit en peu de temps et qui nous vaut le statut de Licorne. Nous avons de nombreux partenariats avec des établissements de santé (77), et des partenariats stratégiques avec des multinationales pharmaceutiques dont 3 très solides : Sanofi pour la découverte de médicaments, BMS pour l’optimisation clinique et MSD pour le diagnostic.
Quelles sont les prochaines étapes pour Owkin ?
A. A. : notre principale ambition est d’obtenir des résultats de phase IA positifs et de démontrer que nous sommes capables de mieux sélectionner ces candidats-médicaments, pour ensuite élargir notre portefeuille de molécules. Notre objectif ultime est d’augmenter la probabilité de succès du développement de médicaments.
Quelle est votre vision de l’IA dans 10 ans ?
A. A. : je pense que nous serons capables de développer des traitements dans des délais très courts, des solutions personnalisées pour chaque patient, et que nous apporterons des outils d’aide à la décision et de pronostic clinique fiables et convaincants.
Fiche d’identité
Dénomination : Owkin
Activité : entreprise de biotechnologie spécialisée dans l’IA
Création : 2016
Effectif : 365 personnes
Web :www.owkin.com
Copyright : Les Echos Publishing