Tous les 5 ans, l’Insee réalise des projections de population active de la France. Lors de la simulation de 2017, l’institut prévoyait une hausse modérée mais continue de la population active dans les décennies à venir. Un pic était attendu en 2070 avec 32,4 millions d’actifs. Dans ses prévisions 2022, le point de bascule au-delà duquel la population active décline a été ramené à 2040. Cette année-là, selon les prévisions de l’institut, le nombre d’actifs atteindrait 30,5 millions (contre 30 millions en 2021) et commencerait à décroître pour tomber à 29,2 millions en 2070. Soit 3,2 millions de moins que ne le projetait l’Insee en 2017. Cet écart prévisionnel, l’Insee l’explique non par un recul de l’apport migratoire, resté constant dans les prévisions, mais par une baisse de la natalité. Si la population globale devrait continuer à croître d’ici 2070, elle le ferait à un rythme plus lent que celui estimé en 2017 en raison de la baisse du nombre des naissances.
1,5 actif par retraité
L’Insee table ainsi sur un niveau de fécondité de 1,8 enfant par femme, plus faible que les niveaux actuel et passé, et sur une évolution continue de l’augmentation de l’espérance de vie des Français. « Ces hypothèses conduisent d’une part à une hausse continue de la population de 15 ans ou plus vivant en logement ordinaire, de 2,2 millions entre 2021 et 2070, hausse modérée au regard de son évolution sur les deux dernières décennies (+6,1 millions entre 2000 et 2021). Elles conduisent d’autre part à un vieillissement prononcé de la population : le nombre de personnes âgées de 70 ans ou plus augmenterait de 5,2 millions tandis que celui des moins de 70 ans diminuerait de 3,1 millions », précise l’Institut. La part des plus de 70 ans dans la population des plus de 15 ans passerait ainsi de 18 % en 2021 à 26 % en 2070.
Un vieillissement de la population qui devrait se traduire par une évolution notable du ratio actifs/retraités, garant de l’équilibre de notre régime de retraite par répartition. Pour rappel, en 1990, on comptait 2,6 actifs pour un retraité, 2,4 en 2000, 2,2 en 2010 et 2 en 2021. Et selon l’Insee, la dégradation devrait se poursuivre. L’institut prévoit ainsi un ratio de 1,8 en 2030, de 1,6 en 2040 et de 1,5 en 2070. Sans réforme notable de ses modalités de financement, le maintien du régime actuel des retraites semble de moins en moins tenable.