Le ministère de la Santé débloque un budget de 47 millions d’euros pour améliorer l’équipement des Français en audioprothèse. Un effort insuffisant pour financer l’appareillage d’un million de malentendants non encore équipés.
Deux études rendues publiques ces derniers jours, l’une par l’Assurance maladie[1] et la seconde par l’Autorité de la concurrence[2], dressent le même constat quant au sous-équipement des Français en audioprothèses. Deux causes sont pointées du doigt : les prix élevés des appareils (1 500 euros en moyenne par appareil, services d’entretien compris) et l’insuffisance des niveaux de remboursement. L’Assurance maladie rembourse en effet 60 % du tarif de base (soit au total 120 euros) et les assurances privées ne complètent qu’à hauteur de 400 euros... Soit un reste à charge pour les patients de l’ordre de 1 000 euros. Afin de remédier à cette situation, le ministère de la Santé vient d’annoncer trois grandes mesures destinées à solvabiliser l’offre en entrée de gamme : une révision de la nomenclature des audioprothèses et des prestations remboursables, la définition d’un prix limite de vente et le relèvement du tarif de prise en charge par l’Assurance maladie. Ces mesures, qui représentent un budget de 47 millions d’euros, devraient être mises en place au premier semestre 2017. Cet effort apparaît toutefois insuffisant face à la progression attendue du nombre de malentendants. En effet, selon l’étude de l’Assurance maladie, le marché de l’audioprothèse connaît une très forte croissance depuis une dizaine d’années (+ 78 % entre 2006 et 2015), essentiellement liée au vieillissement de la population et au recours croissant à l’appareillage. Les besoins d’équipement vont donc continuer à augmenter dans les années à venir, alors que le niveau de sous-équipement est déjà élevé. Sur les 3 millions de Français souffrant d’un déficit auditif et qui devraient être appareillés, 1 million ne le sont pas. Sur la base du tarif de prise en charge actuel, équiper ce million de malentendants représenterait une dépense supplémentaire de l’ordre de 120 millions d’euros pour l’Assurance maladie... Soit 2 à 3 fois plus que l’enveloppe annoncée par le ministère de la Santé. C’est la raison pour laquelle l’Autorité de la concurrence préconise dans son avis de s’attaquer au fondamentaux mêmes de la distribution des audioprothèses. D’une part en dissociant l’achat de l’appareillage des prestations de services associées (entretien et réglage), afin de réduire le « coût d’entrée » et permettre aux patients de mettre les audioprothésistes en concurrence sur la partie « services ». D’autre part en augmentant, voire en supprimant le numerus clausus fixant le nombre d’audioprothésistes diplômés chaque année. Cette mesure permettrait aux réseaux de distribution d’étendre leur implantation sur le territoire et favoriserait une diminution des prix de vente par une concurrence accrue entre ces réseaux.