Face au phénomène de renoncement aux soins et à l'inflation des coûts, Dominique Voynet propose une réforme en profondeur de la filière visuelle.
Avec des délais d’attente moyens de 60 à 110 jours selon les territoires, l’organisation des soins ophtalmologiques en médecine de ville n’est plus adaptée aux besoins des patients. A l’allongement des files d’attente, se rajoutent l’importance du reste à charge et le coût que représente ce poste pour les assurances santé complémentaire. Afin d’y remédier, la ministre de la santé Marisol Touraine a confié à Dominique Voynet, inspectrice générale des Affaires sociales, un rapport pour améliorer l’accès aux soins ophtalmologiques et réduire de moitié, d’ici 2017, le délai moyen d’attente d’une consultation.
Parmi les 30 recommandations formulées dans ce rapport remis en septembre, figurent quelques mesures courageuses, mais qui risquent fort de susciter de vives oppositions chez les ophtalmologistes : encourager ces derniers à poursuivre leur activité au-delà de 65 ans, inciter les jeunes spécialistes à s’installer dans les déserts médicaux, favoriser l’expérimentation de pôles ophtalmologiques multi-sites, développer les délégations de tâches aux orthoptistes ou encore permettre à ces derniers à faire des bilans visuels. De leur côté, les opticiens, déjà autorisés à renouveler les ordonnances de lunettes et à les adapter sous certaines conditions, pourraient être autorisés à en faire autant avec les lentilles de contact. Côté formation, le rapport entend réguler « l’offre surabondante et inégale » de formation au BTS d’opticien-lunetier, et propose la création d’un master en santé visuelle pour les opticiens et les orthoptistes.
Des mesures plutôt bien accueillies par Marisol Touraine, qui a décidé « de mettre en œuvre sans délai les premières recommandations du rapport ». Deux amendements vont donc être introduits dans le projet de loi de Santé en cours d’examen par le Sénat. Le premier permettra de développer les transferts de tâches entre ophtalmologistes et orthoptistes, afin d’accroître de 35 % le nombre de consultations possibles. Le second assouplira les conditions de renouvellement et d’adaptation des verres et des lentilles par les opticiens.