Mises à mal par la montée du prix du pétrole et une concurrence exacerbée, les compagnies aériennes européennes font pâle figure face à leurs concurrentes américaines. La valse des actifs ne fait que commencer dans le ciel européen.
Le secteur de l’aérien est en bien mauvaise posture en Europe. Les annonces de faillites de compagnies aériennes se multiplient ces derniers mois. La dernière en date, la Suisse PrivatAir, a cessé ses activités en décembre 2018, subissant le même sort que ses compatriotes helvétiques Air Glaciers, qui a annoncé en novembre la fin de ses vols charters, et Skywork Airlines, mise en faillite fin août. L’année 2018 a également vu la disparition de la compagnie belge, VLM Airlines, opérant depuis l’aéroport d’Anvers, de la russe Azur Air, ainsi que de la compagnie low cost danoise Primera Air, qui avait pourtant ouvert une base à Paris au printemps 2017. Un triste sort auquel certaines compagnies ont échappé de peu. Sauvée de la faillite, Alitalia a été reprise par le groupe public Ferrovie dello Stato, les chemins de fer italiens, à la demande du gouvernement italien. Quant à la compagnie islandaise low cost long-courrier Wow Air, elle devrait être finalement reprise par le fonds d’investissement Indigo Partners, alors que Flybe, compagnie britannique low cost en grande difficulté financière, a reçu une offre de rachat de la part de Connect Airways, un consortium emmené par Virgin Atlantic et Stobart Air. D’autres sociétés sont toujours en quête d’un sauveteur. Ainsi, par exemple, Small Planet Airlines, l’une des premières compagnies charter d’Europe, cherche d’urgence de nouveaux investisseurs.
La concentration, unique voie de survie
Ces mouvements devraient continuer d’animer le ciel européen. Car les compagnies du Vieux Continent sont sous pression. Elles subissent la hausse des cours du pétrole alors que les coûts de conformité à la réglementation augmentent. Des dysfonctionnements récurrents du contrôle du trafic aérien, provoquant des pénalités de retard, pèsent également sur leur rentabilité. En 2018, les retards ont augmenté de 61 %, représentant un coût additionnel de plus de 2 Mds$. Dans un contexte concurrentiel exacerbé, où la guerre commerciale fait rage, les transporteurs européens peinent à dégager des marges suffisantes. C’est d’autant plus vrai pour les compagnies low cost, fortement fragilisées par des rendements très bas. Alors que le marché européen est encore très fragmenté, la concentration apparaît, pour beaucoup, comme l’unique voie de survie.
Á l’inverse, les compagnies américaines affichent une excellente santé. Sorties renforcées de multiples opérations de consolidation, les 5 premières compagnies (American Airlines, Southwest, Delta, United et Alaska Airlines) trustent 77 % du marché nord-américain. De plus, elles n’ont pas à supporter sur leur territoire des charges fiscales et aéroportuaires aussi élevées que leurs homologues européennes. En 2018, les compagnies américaines devraient afficher, une nouvelle fois, la meilleure performance économique mondiale ! Leurs bénéfices nets cumulés devraient atteindre 16,6 Mds$, soit un gain de près de 2 Mds$. En Amérique du Nord, le profit net moyen par passager est de 16,77 $, contre 6,40 $ pour les transporteurs européens. Des ratios qui font rêver de l’autre côté de l’Atlantique…
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