Lancée en 2019, la réforme est entrée dans sa dernière phase de déploiement depuis le 1er janvier dernier. Elle avance dans la bonne direction, mais à des rythmes différents selon les marchés concernés.
Le 1er Baromètre des résultats de l’action publique, lancé au début de l’année, permet de mesurer l’avancement du « 100 % Santé » dans les domaines de l’optique, du dentaire et de l’audiologie. Une réforme phare du quinquennat qui vise à proposer aux Français une offre d’équipements et de soins sans reste à charge, grâce au remboursement intégral par l’Assurance-maladie. Etalée sur trois ans, de 2019 à 2021, cette réforme devrait atteindre ses objectifs dans deux domaines sur trois. C’est dans celui des soins dentaires que l’avance est la plus forte : à octobre 2020, près de 52 % des prothèses dentaires entraient dans le champ du « 100 % Santé », alors que l’objectif initialement fixé était de 45 %. Ce succès est confirmé par les plates-formes de santé et les réseaux de soins conventionnés, à l’instar de Carte Blanche, qui fait état de 53 % de prise en charge avec des équipements sans reste à charge, en particulier pour les prothèses destinées aux « dents visibles » (87 %). Cette bonne dynamique devrait se poursuivre en 2021 et 2022, le panier de soins concerné par la réforme étant élargi à l’ensemble des prothèses dentaires depuis le 1er janvier dernier.
Dans le domaine des aides auditives, la réforme a aussi franchi sa dernière étape au début de l’année. D’après les statistiques communiquées par l’Assurance-maladie et le SNDS, la moitié du chemin est d’ores et déjà parcourue : en 2020, les équipements de la classe I ont représenté, en volume, 11,5 % du marché cible. Rappelons que l’objectif a été fixé à 20 % minimum (le Baromètre de l’action publique indique même le seuil de 25 % à horizon 2022). Les premières données disponibles fin 2020 et début 2021 indiquent une forte accélération des aides auditives sans reste à charge, que ce soit du côté du Snitem que de certaines plates-formes comme Santéclair (la classe I représente 34 % des équipements vendus par les audioprothésistes conventionnés par le réseau et 51 % en dehors de celui-ci). Ces tendances restent évidemment à confirmer, sachant que dans le domaine de l’audiologie, la réussite de la réforme sera mesurée par l’augmentation du niveau d’équipement des personnes malentendantes appareillables.
Un retard important dans l’optique
C’est sur ce marché que la réforme n’avance pas aussi vite que le gouvernement le souhaiterait. Il ressort que seulement 10 % des ventes d’optique en volume ont basculé en 2020 sur le panier A ou le panier B (respectivement 5 %). Il est vrai que la configuration concurrentielle de ce marché est très différente de celle des audioprothèses (offre abondante, concurrence intense par les prix, niveau de remboursement élevé des complémentaires santé) et que la crise sanitaire a fortement perturbé l’activité des opticiens en 2020. Afin d’atteindre l’objectif de 20 % fixé dans le Baromètre de l’action publique, il a été demandé à la DGCCRF d’opérer des contrôles dans les magasins d’optique afin de vérifier que l’offre de lunettes « 100 % Santé » est correctement présentée. Mais là aussi, le succès de la réforme ne pourra être mesuré que lorsque l’on aura suffisamment de recul pour évaluer son impact sur la baisse effective du reste à charge et le phénomène de renoncement aux soins.