La décision de la Chine de lever une grande partie des restrictions sanitaires pesant sur le trafic aérien, notamment les quarantaines obligatoires en hôtel, les limitations sur les visas, mais aussi les contraintes pesant sur les compagnies aériennes, a été particulièrement bien accueillie par les investisseurs et a fait bondir les valeurs boursières du secteur aéronautique.
Du côté du secteur aérien, toutefois, la prudence est de mise. La reprise du trafic ne devrait être, en effet, que très progressive. L’offre de vols vers et depuis la Chine est actuellement extrêmement réduite, à 11 % des capacités de 2019 selon Cirium, et ne devrait atteindre que 25 % de son niveau d’avant-pandémie d’ici avril. Les compagnies occidentales en particulier ne prévoient pas de réinvestir massivement les lignes vers la Chine dès ce 1er semestre et vont d’abord étudier l’évolution de la demande. Air France, par exemple, n’exploite en janvier 2023 que 2 vols hebdomadaires vers Shanghai, 1 vers Pékin et 3 vers Hong Kong et ne prévoit d’ajouter qu’un trajet hebdomadaire par semaine vers Shanghai début février. La compagnie étudiera d’ici cet été l’accélération de la hausse de ses capacités.
Plusieurs facteurs vont sensiblement freiner la reprise du trafic vers la Chine :
- Du côté de la demande, le maintien des tests PCR et du port du masque dans les avions dans les vols pour la Chine, mais aussi la décision de certains pays destination comme les États-Unis et le Japon de demander des tests négatifs aux passagers venant de Chine risquent de limiter la reprise du trafic.
- De même, l’incertitude quant à l’évolution de la politique Covid en Chine et le potentiel rétablissement des restrictions sanitaires freinent les ardeurs à la fois des passagers et des compagnies aériennes.
- En parallèle, l’insuffisance de l’offre a fait bondir les prix des vols vers et depuis la Chine, limitant la croissance de la demande.
- Les nécessaires demandes d’autorisations des compagnies aériennes à l’Administration de l’aviation civile chinoise et, éventuellement, dans leur pays d’origine pour rétablir les lignes vont aussi logiquement décaler le redémarrage du trafic. Les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine pourraient, par ailleurs, compliquer la tâche des compagnies aériennes alors que les administrations des 2 pays doivent autoriser les lignes.
- De nombreuses compagnies aériennes doivent désormais contourner l’espace aérien russe, allongeant ainsi les vols, augmentant les coûts de carburant et réduisant potentiellement la rentabilité des vols.
- Enfin, l’insuffisance de gros porteurs va empêcher une montée en puissance rapide des capacités sur les lignes vers la Chine, alors que les compagnies aériennes pourraient privilégier à court terme des trajets transatlantiques plus rentables.
Malgré tout, la réouverture de la Chine est une bonne nouvelle pour l’économie mondiale alors que le pays est le 1er pourvoyeur de touristes. En France, par exemple, les liaisons avec la Chine ne génèrent pas un trafic particulièrement élevé, seulement 2 millions de touristes chinois et moins d’un demi-million de touristes français en Chine, mais les retombées économiques sont bien plus importantes. Rien qu’à Roissy-CDG, les touristes chinois dépensent en moyenne 9,5 fois plus que les Américains et représentent 15 % du chiffre d’affaires des boutiques.
Pour aller plus loin, découvrez nos études du secteur logistique-transport.
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