2020 restera dans les annales comme une année exceptionnelle, et pas seulement en raison de la crise sanitaire.
Si elle a profondément bouleversé le quotidien des équipes officinales, l’épidémie de Covid-19 a soutenu l’activité des pharmacies, avec une progression de 2,3 % de leur chiffre d’affaires HT. Soit la plus importante hausse enregistrée au cours des 10 dernières années. Outre l’impact direct de la crise (vente de masques, de gels hydroalcooliques et réalisation de tests antigéniques), l’activité a été portée par la forte croissance des médicaments onéreux et la revalorisation des honoraires de dispensation (effective au 1er janvier 2020). Cette dynamique a logiquement plus profité aux pharmacies dites de proximité (rurales et de quartier), qui ont ainsi retrouvé un peu d’air après plusieurs années de déclin. L’érosion du taux de marge brute globale s’est en revanche poursuivie, conséquence directe de la part croissante que représentent les médicaments chers dans l’activité de dispensation des officines. Il s’élève néanmoins à un niveau élevé, à 31,2 % (31,5 % en 2019), largement supérieur aux ratios constatés dans les années 2005-2010. Quant au taux d’EBE, il fléchit également, à 12,4 % (12,6 % en 2019), en lien avec la hausse (mesurée) des frais généraux et des dépenses de personnel. Un phénomène analysé par Interfimo comme la conséquence des tensions actuelles sur les salaires et les difficultés de recrutement. Toutefois, le maintien du taux d’EBE à un niveau très confortable permet de préserver la rémunération nette des pharmaciens titulaires, hors charges des TNS, laquelle s’est établie en 2020 à 71 K€ en moyenne. Plus de la moitié des pharmaciens exerçant en SEL se rémunèrent entre 50 K€ et 110 K€. On note, par ailleurs, que la part des rémunérations de plus de 110 K€ tend à progresser, passant de 9,4 % en 2015 à 12,6 % en 2020.
Chute de 40 % des procédures collectives en 2020
Autre indicateur de la santé financière du réseau officinal : la part des officines bénéficiant d’une bonne cotation Banque de France (« acceptable » à « excellente ») a progressé au cours de ces dernières années, s’établissant à plus de 52 % en 2020 contre 46 % en 2010. Le dynamisme de l’activité, les bons niveaux de profitabilité et les aides de l’État apportées depuis le début de la crise se traduisent par une forte baisse des procédures collectives. Celles-ci sont passées de 116 en 2019 à 70 en 2020. Reprenant les données du cabinet Altares, Interfimo mentionne un recul de 47 % des procédures de sauvegarde, de 42 % des redressements judiciaires et de 37 % des liquidations judiciaires.
Les départs à la retraite dynamisent le marché des transactions
Le vieillissement tendanciel de la population officinale continue de soutenir ce marché, les départs à la retraite constituant le principal motif des mutations, en particulier dans les « grosses » pharmacies où les cessions de parts entre associés sont de plus en plus nombreuses. Malgré le contexte très particulier de 2020, le nombre total de mutations, à savoir les cessions de fonds et de parts, est demeuré globalement stable, s’établissant à 1 503 (1 520 en 2019).
Exprimé en multiple de l’EBE, le prix moyen de cession des pharmacies se stabilise à 6,3 (6,2 en 2019). Comme les années précédentes, cette moyenne masque de fortes disparités selon la taille des officines : celles réalisant un CA annuel de plus de 2 M€ se vendent avec un multiple de 6,8 contre moins de 6 pour celles dont le CA est inférieur à 1,6 M€. La taille de la pharmacie demeure donc un critère déterminant de sa valorisation : Interfimo confirme ainsi la baisse tendancielle des valeurs des petites officines tandis que les grandes pharmacies voient leur prix de vente continuer à augmenter. Des affaires de plus en plus prisées, qui se situent plutôt dans des centres commerciaux et des centres-villes de grandes métropoles. Leurs difficultés en 2020, liées aux trois périodes de confinement et à la désertion des zones de flux, sont donc, a priori, purement conjoncturelles.
En résumé, les fondamentaux de la pharmacie demeurent solides, le réseau sort renforcé de la crise sanitaire et les tendances structurelles constatées au cours des10 dernières années ne s’inversent pas.