C’est un sujet qui n’a pas fini de se tarir : la pénurie de médicaments qui sévit dans l’hexagone devient de plus en plus critique. Paracétamol, antibiotiques ou plus récemment antiépileptiques et anticancéreux, figurent parmi la longue liste des produits qui manquent régulièrement à l’appel. Ainsi, 380 médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM) ne présentant peu ou pas d’alternatives ont fait l’objet de difficultés d’approvisionnement au cours des 2 dernières années (mai 2021 à mai 2023), d’après l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM). Substitutions par d’autres formes galéniques, voire d’autres molécules, surveillance des stocks sur les plates-formes logistiques, … les pharmaciens et les médecins ont fort à faire depuis quelques temps !
Comment sortir de ces pénuries à répétition ?
Si à l’échelle européenne, les yeux sont rivés vers la nouvelle réforme de la législation pharmaceutique qui prévoit le signalement de problèmes d’approvisionnement et la création de stocks de secours, en France, la nouvelle feuille de route pluriannuelle (2023 à 2025) de lutte contre les pénuries de produits de santé est très attendue. Une première réponse a été apportée par Emmanuel Macron lors d’une visite chez le sous-traitant pharmaceutique Aguettant : le gouvernement souhaite intensifier et accélérer ses efforts de relocalisation afin de mieux prévenir les problèmes d’approvisionnement des traitements, des dispositifs médicaux et des vaccins. Les moyens sont nombreux. Le bras de levier financier à hauteur de 800 M€ d’investissements productifs, dans le cadre de France Relance ou encore la construction en cours d’une usine de production du principe actif du paracétamol en sont des exemples. Parmi les 450 médicaments listés par les autorités comme « essentiels », 300 nécessitent une relocalisation prioritaire. 50 d’entre eux ont ainsi été identifiés pour une augmentation ou une relocalisation de leur production, parmi lesquels la moitié dans les prochaines semaines auront « finalisé les plans, les annonces et les investissements pour totalement relocaliser la chaîne », a annoncé le président de la République. Le curare, la morphine, l’amoxicilline pédiatrique ou encore 6 anticancéreux sont notamment concernés. Les sociétés Aguettant, Benta Lyon, Ethypharm, EuroAPI, GSK, Interor, Sequens et Skyepharma feront ainsi office de pionniers. Un guichet sera mis en place pour soutenir les industriels dans leurs démarches et espérer allonger cette première liste.
Si l’implication du gouvernement sur le sujet de la souveraineté pharmaceutique est indéniable, les acteurs de la santé s’interrogent sur les résultats à court-terme : combien de temps va s’écouler avant que les effets de ces mesures ne se fassent sentir sur les pénuries de médicaments ?