Le dossier médical numérique devrait enfin devenir une réalité pour la majorité des Français.
Prévu dans la loi de Santé de Marisol Touraine de fin 2015, le décret précisant les modalités de mise en œuvre du dossier médical partagé (DMP) a été publié début juillet. Désormais confié à l’Assurance maladie obligatoire, le déploiement du DMP sur l’ensemble du territoire national devrait intervenir d’ici la fin de l’année. Le décret définit le contenu du dossier (état de santé, suivi médical, résultats d’examens, prescriptions...), ainsi que les conditions de sa création, mise à jour, archivage et destruction.
Créé à l’origine par la loi de Santé de 2004, le DMP n’est jamais parvenu à s’imposer, ni dans les pratiques des médecins, ni dans les habitudes des patients... et ce malgré les quelque 500 millions d’euros que ce projet a coûté en plus de 10 ans. Les raisons de cet échec sont multiples : l’absence de pilotage au niveau national, la multiplication des expérimentations qui n’ont jamais débouché sur un déploiement national pérenne, l’impossibilité pour un assuré d’ouvrir lui-même son DMP, les réticences voire les refus des médecins à s’en charger, ces derniers jugeant trop chronophage cette énième tâche administrative...
L’objectif de l’Assurance maladie est de faire du nouveau DMP un véritable outil de suivi et de coordination des soins. Pour atteindre cet objectif, tous les assurés couverts par l’Assurance maladie obligatoire pourront, d’ici fin 2016, ouvrir eux-mêmes leur dossier numérique, sans passer par un professionnel de santé. Les éditeurs de logiciels médicaux sont, par ailleurs, invités à développer des environnements « user-friendly ». Enfin, l’Assurance maladie va alimenter automatiquement les DMP avec les historiques de remboursement, et faciliter les échanges entre les établissements hospitaliers et les médecins de ville afin que le DMP devienne un outil réellement « partagé ».
Réussir ce déploiement constitue un enjeu majeur pour l’Assurance maladie. Car le DMP n’est pas uniquement un outil numérique devant permettre une meilleure traçabilité des soins, il en est aussi attendu « des gains majeurs d’efficience et de qualité » pour l’ensemble du système de santé, comme le mentionnait le rapport de 2012 de la Cour des Comptes sur le coût de la mise en œuvre du DMP.