Dans son Observatoire annuel, l’association Familles Rurales dresse un état des lieux critique des pratiques commerciales mises en place par les officines et les sites de e-commerce. Un constat qui mérite toutefois d’être nuancé. L’Observatoire des prix des médicaments analyse chaque année les politiques commerciales pratiquées par les pharmacies d’officine, les sites de e-commerce et certaines enseignes de la grande distribution. Cette analyse, réalisée à partir d’un échantillon de médicaments d’automédication et de produits sans autorisations de mises sur le marché (15 au total en 2016), pointe du doigt des pratiques jugées critiquables : des écarts de prix importants selon les lieux de vente (allant du double au triple pour certains médicaments OTC), des produits non étiquetés, des tickets de caisse non remis, ainsi que des règles de bonne pratique qui ne seraient pas toujours respectées par les acteurs de la vente en ligne. Sur 28 sites étudiés, les prix de vente sont en moyenne inférieurs à ceux pratiqués en officine physique, mais cet écart est souvent compensé par des frais de port importants. D’autre part, certains d’entre eux n’affichent pas le logo obligatoire permettant d’identifier une officine en ligne agréée par l’ARS, ne demandent pas de validation de la notice (pour les médicaments) ou ne permettent pas à l’internaute de s’opposer à l’envoi d’informations commerciales et à la collecte de données personnelles sans lien avec les achats réalisés sur le site. L’étude ne précise pas si ce sont les mêmes sites qui cumulent les mêmes défauts, mais rappelle que ces manquements ont déjà été dénoncés dans le passé par l’association. Cette dernière appelle donc les consommateurs à comparer les prix et à exiger systématiquement des tickets de caisse. Ces constats sévères méritent toutefois d’être nuancés. D’une part, cette étude repose sur des relevés de prix pratiqués dans seulement 80 officines (39 pharmacies physiques et 28 sites de e-commerce). Un échantillon peu représentatif si on le rapporte à l’ensemble du réseau officinal (0,2 % des officines physiques et 8 % des e-pharmacies). Et les relevés ont été réalisés dans seulement 41 départements (sur les 96 que compte la France métropolitaine). D’autre part, les écarts de prix entre pharmacies d’officine, même importants, ne font que refléter la libre concurrence qui existe sur des produits dont les prix et les marges ne sont pas administrés par les autorités de santé. Certains pharmaciens choisissent de pratiquer des discounts importants sur ces produits, d’autres mutualisent leurs achats auprès de groupements ou parviennent à négocier des remises commerciales importantes auprès de leurs laboratoires fournisseurs. Des pratiques totalement acceptées voire encouragées par les autorités de santé elles-mêmes... Enfin, l’analyse des sites de vente en ligne a été menée avant la publication des bonnes pratiques de dispensation, qui ont fait l’objet de deux arrêtés publiés au Journal officiel le 1er décembre dernier. Les manquements relevés devraient donc être corrigés dans les mois qui viennent.