La réindustrialisation française, clé de voûte d’une souveraineté retrouvée, pourrait bien attendre. Une récente étude du think-tank La Fabrique de l’industrie estime, en effet, qu’un certain nombre de menaces pèsent sur notre secteur industriel.
La première, le maintien à un niveau élevé des prix de l’énergie en Europe, alors qu’ils sont restés stables dans le reste du monde, pourrait, à elle seule, entraîner la disparition de 117 000 emplois industriels dans notre pays.
La deuxième menace, dont les conséquences se feront sentir plus tard, n’est autre que la mise en place du « mécanisme d’ajustement carbone aux frontières » (MACF) qui doit s’appliquer progressivement à compter du 1er octobre 2023 et qui prévoit l’adoption d’une « taxe carbone » à l’importation en Europe de produits dont la fabrication est à l’origine d’une forte émission de CO2. Un surcoût qui fera baisser la compétitivité des entreprises industrielles importatrices de matières premières ou de produits faiblement transformés et pourrait les conduire à supprimer 37 500 emplois, selon cette étude.
L’Amérique, terre d’asile
La troisième et dernière menace, l’adoption de l’IRA (Inflation Reduction Act) par les États-Unis qui vise à favoriser l’implantation d’entreprises industrielles « vertes » sur le territoire américain, via la distribution d’importantes aides financières, devrait déboucher sur la création de 1,5 million d’emplois en 10 ans. « Mais, dans la plupart des secteurs concernés, il n’y a pas de raison évidente pour redouter que ces créations outre-Atlantique occasionnent en Europe des destructions supplémentaires à celles que l’on vient de présenter. Cet ordre de grandeur doit donc plutôt être interprété comme une confirmation des résultats précédents : la quote-part française de ce que serait un « effet IRA » en Europe serait, en effet, là encore, de l’ordre de 150 000 emplois, mais ce sont bien les mêmes que les précédents », précisent les auteurs de l’étude.
Pour ces derniers, les conditions d’installation, de développement et de fonctionnement que l’IRA fait naître aux États-Unis rendent « tangibles pour l’emploi européen les deux menaces que représentent le maintien de tarifs élevés et peu lisibles de l’énergie ainsi qu’une fiscalité non compensée du carbone ». Elles soulignent également, ce qui est encore plus préoccupant, un véritable décrochage concurrentiel entre l’Amérique et le continent européen.