Signé fin juillet par l’un des syndicats représentatifs de la profession, l’avenant à la convention pharmaceutique confirme le changement de modèle économique de l’officine.
Après de longs mois de négociations avec l’Assurance-maladie et dans un climat de profonde discorde entre les deux syndicats majoritaires, la FSPF et l’USPO, l’avenant à la convention pharmaceutique a finalement été signé fin juillet. Il s’inscrit en grande partie dans la continuité du précédent accord, entérinant les nouveaux modes de rémunération sous forme de forfaits et d’honoraires, et élargissant les missions d’accompagnement auprès des patients. Ces évolutions s’opéreront de manière progressive au cours des trois prochaines années. Côté rémunération, trois honoraires seront introduits en 2019 : respectivement 0,51 € TTC pour toute ordonnance de médicament remboursable et pour celles qui concernent des jeunes enfants et les patients âgés ; 2,04 € TTC pour les ordonnances de traitements spécifiques comme les médicaments à prescription initiale hospitalière, les spécialités dérivées du sang, etc. En 2020, ces montants seront revalorisés (1,02 € pour une dispensation complexe, 1,58 € pour les enfants et les personnes âgées et 3,57 € pour les dispensations spécifiques). À ces honoraires, s’ajoutent deux nouvelles rémunérations rétribuant les pharmaciens pour toute ouverture d’un DMP (1 € par dossier), l’utilisation d’une messagerie sécurisée de santé et d’un logiciel certifié d’aide à la dispensation (200 € par an). En parallèle, les indemnités d’astreinte et de télétransmission des feuilles de soins seront revalorisées. Quant aux nouvelles missions, la principale avancée du nouvel avenant réside dans l’instauration du bilan de médication, rémunéré par l’Assurance-maladie à hauteur de 60 € la première année, pour chaque patient éligible, puis 30 € les années suivantes en cas de nouveau traitement (20 € au cas où les traitements prescrits ne seraient pas modifiés). Autre nouveauté : la participation du pharmacien titulaire à une équipe de soins primaires sera rémunérée 280 € en 2018 et 420 € à partir de 2019. Enfin, les modalités des entretiens pharmaceutiques déjà mis en place pour les traitements antiasthmatiques et anticoagulants vont évoluer : les pharmaciens seront rémunérés 50 € la première année (pour un entretien d’évaluation et deux entretiens thématiques) et 30 € par la suite pour deux entretiens thématiques. D’autres missions ou services potentiels pourraient être envisagés dans les années à venir, à condition toutefois que l’Assurance-maladie puisse les financer : lutte contre le tabagisme, dépistage du cancer colorectal, suivi des chimiothérapies orales, PDA et scan des ordonnances électroniques. Au total, les nouvelles rémunérations et les revalorisations d’honoraires représentent une enveloppe de 215 millions d’euros, hors rétribution des missions d’accompagnement et nouveaux services. Un financement supplémentaire non négligeable mais qui risque d’être insuffisant pour compenser l’impact négatif des baisses de prix qui devraient être votées dans le cadre de la prochaine loi de financement de la Sécurité sociale.