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C’est un rêve qui se transforme en cauchemar. Fondé en 2015 par deux anciens dirigeants de Tesla, Northvolt est, sans doute, le projet industriel le plus ambitieux lancé en Europe ces dernières années. Créé pour alimenter en batteries les voitures électriques produites sur le vieux continent, l’entreprise a été largement soutenue par les financiers comme par les fabricants automobiles. En moins de 5 ans, plus de 15 Md€ sont levés, et BMW et Volkswagen signent pour 50 Md€ de commandes auprès de l’entreprise. L’avenir s’annonce radieux, mais l’argent ne fait pas tout.
Des problèmes d’organisation
Comme le rapporte le quotidien Les Échos, « les stratégies s’avèrent mal définies » et l’absence de priorisation va rapidement bloquer le développement des différents projets. Bilan des courses, 3 ans après le démarrage officiel de la production, les usines tournent au ralenti et les clients doivent attendre pour être servis. En cause, outre un défaut de pilotage, une sous-estimation des process de validation industriels spécifiques au secteur des batteries, mais aussi le souhait des constructeurs automobiles d’utiliser des batteries spécifiques pour chacune de leurs marques. Or, avec seulement deux lignes de production effectives, Northvolt se révèle incapable de faire face aux commandes dans des délais raisonnables. Des difficultés récurrentes pour paramétrer des machines-outils viennent également ralentir le rythme de production.
Une trésorerie qui fond à vue d’œil
Sans surprise, les difficultés de production ont commencé à inquiéter les partenaires. BMW, qui pourtant avait investit pas moins de 2,5 Md€ dans l’opération, s’est même officiellement retiré l’été dernier. La trésorerie a fondu au point d’inciter Northvolt à placer son entité américaine sous la protection de la loi américaine sur les faillites. L’objectif est ici de gagner un peu de temps pour tenter de se restructurer et de trouver de nouveaux fonds. Le groupe est endetté à hauteur de 5,5 Md€.
Dans la foulée de l’annonce du redressement judiciaire, Peter Carlsson, le cofondateur et président du groupe suédois, a présenté sa démission.
Volkswagen, un de ses principaux actionnaires, a assuré que, via sa filiale Scania, il pourrait remettre au pot 100 M€ d’ici la fin de l’année. Une des dernières chances de relance de l’industriel européen.
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