Créée en 2017, cette start-up s’est d’abord lancée dans le téléconseil médical et la prise de rendez-vous en ligne avant de se diversifier vers la téléconsultation en 2019. L’installation de bornes dans les pharmacies doit lui permettre de renforcer l’ancrage territorial de cette activité.
Après une phase pilote de plusieurs mois, Medadom s’est officiellement lancée sur le marché de la téléconsultation médicale en pharmacie. Cette jeune société propose depuis novembre dernier des bornes équipées de dispositifs médicaux connectés (stéthoscope, dermatoscope, otoscope, thermomètre…) permettant au patient de gérer sa consultation à distance, en toute autonomie. La société dispose d’un réseau d’environ 150 praticiens avec lesquels les patients sont mis en relation en une dizaine de minutes. Fin 2019, 200 pharmacies avaient souscrit à l’offre Medadom, l’objectif étant d’atteindre 2 000 officines équipées d’ici fin 2020, et ce sur l’ensemble du territoire national. Il en coûte à la pharmacie 390 € par mois, sachant que ce budget est partiellement compensé par les subventions versées par l’Assurance maladie pour aider les pharmaciens à développer ce nouveau service (1 225 € la première année et une participation fixe de 350 € les années suivantes, auxquels s’ajoute une participation forfaitaire au temps passé en fonction du nombre de téléconsultations réalisées).
La montée en puissance de la téléconsultation en pharmacie est l’un des piliers de la stratégie de Medadom, qui souhaite développer son activité de téléconsultation à partir de plates-formes régionales, fonctionnant en coordination avec les structures de soins coordonnées en médecine de ville (maisons de santé pluriprofessionnelles et Communautés Professionnelles Territoriales de Santé). Une approche qui s’adapte au cadre règlementaire de la téléconsultation remboursable par l’Assurance maladie, laquelle doit s’inscrire dans le parcours de soins du patient, avec l’accord du médecin traitant. Un cadre contraignant qui oblige les acteurs comme Medadom à disposer d’un réseau dense de médecins téléconsultants s’ils veulent couvrir les territoires où la téléconsultation remboursable offre un réel potentiel de croissance (en priorité les zones sous-médicalisées dans lesquelles vivent quelque 8 millions de Français).
Organisations territoriales contre plates-formes dites commerciales
L’exigence de territorialité va probablement se renforcer dans les semaines ou mois qui viennent. L’Assurance maladie serait, en effet, prête à revoir les « situations cliniques pertinentes » de la téléconsultation remboursable et assouplir les possibilités de dérogation au parcours de soins. À l’occasion du congrès annuel de la Société française de télémédecine (SFT) en décembre dernier, son directeur Nicolas Revel s’est ainsi déclaré ouvert à une modification de l’avenant n° 6, tout en insistant sur l’ancrage territorial de la téléconsultation pour les soins non programmés et le suivi des patients chroniques. Cette vision est soutenue par les représentants des syndicats de médecins qui favorisent les plates-formes régionales publiques (portées par les GRADeS - Groupements Régionaux d’Appui au Développement de l’e-Santé). et les initiatives locales de professionnels de santé. Leur objectif : contrer l’expansion des sociétés privées de téléconsultation et interdire les « cabinets de santé virtuels » qui cherchent à étendre leur offre à l’ensemble du territoire national.