Les constructeurs de maisons individuelles vivent des jours difficiles. À fin août, les ventes en secteur diffus (hors lotissements) ont dévissé de 26,8 % sur 12 mois glissants, selon les chiffres de Pôle Habitat FFB, l’organisation professionnelle qui fédère des constructeurs de maisons, des promoteurs immobiliers et des aménageurs fonciers. La chute atteint même les 28 % de janvier à août 2022, comparé à la même période l’an passé. Sur l’ensemble de l’exercice, le marché pourrait descendre à 102 000 unités vendues, frôlant ainsi le triste record de 95 500 unités vendues en 2014. C’est loin des 139 600 ventes de l’année passée et des 123 743 ventes en moyenne sur la période 2007-2021. Dans l’individuel groupé (maisons en résidences), les nouvelles ne sont guère meilleures. Après le sursaut de 2021, les ventes aux particuliers ont reculé de 17,3 % en glissement annuel sur le 1er semestre 2022.
Envolée des prix
De nombreux facteurs concourent à ce reflux de la demande. La hausse des taux d’intérêt d’emprunt et le durcissement des conditions d’octroi de crédits immobiliers limitent l’accès à la propriété des ménages, surtout les plus jeunes et les plus modestes. À cela, se sont ajoutés le retour de l’inflation et les incertitudes sur le pouvoir d’achat, qui amènent nombre de foyers à repousser leur projet immobilier. Sans compter l’entrée en vigueur de la RE2020 depuis le 1er janvier 2022 et l’envolée des prix des matériaux, qui ont fait déraper les coûts de construction ces derniers mois, et par ricochet, les tarifs des constructeurs, alors que les prix du foncier sont toujours plus élevés. L’organisation professionnelle évalue à 10,5 %, l’augmentation du coût de revient des constructeurs liée à la seule flambée des prix des matériaux sur les 8 premiers mois de 2022. Quant à la RE2020, elle a induit un surcoût moyen de 7 %, selon ses estimations.
Mesures d’urgence
Pour le Pôle Habitat FFB, le logement neuf se dirige chaque jour un peu plus vers une crise profonde et sévère. Grégory Monod, son président, prévient : « La situation exige des réponses dès la loi de finances pour 2023, sous peine d’un effondrement du logement neuf, malgré la persistance des besoins ». L’organisation appelle le gouvernement à prendre des mesures d’urgence pour soutenir le secteur. La première d’entre elles est de neutraliser les pénalités de retard dans les contrats privés, si elles sont liées à la crise des matériaux, à l’instar des mesures qui avaient été prises pendant le premier confinement de 2020. Pour redonner du pouvoir d’achat immobilier aux ménages, la fédération demande également de rétablir le prêt à taux zéro à 40 % sans discrimination territoriale et d’assouplir les conditions d’accès au crédit. Il faut aussi, selon elle, « redonner confiance et envie aux investisseurs particuliers » en restaurant l’attractivité du dispositif Pinel, avant sa disparition en 2024.
Pour aller plus loin, découvrez les études du secteur BTP-Immobilier.
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