En 2015, la France a accueilli plus de 286 000 travailleurs détachés, soit dix fois plus qu’en 2005.
Autorisé depuis la transposition de la directive 96/71/CE, le recours aux travailleurs détachés ne cesse de diviser l’Europe. Les pays comme la France et l’Allemagne offrant une protection sociale élevée y voient une source de concurrence déloyale. Les pays du Sud et de l’Est, quant à eux, considèrent que ce texte est l’une des seules manières de se positionner chez leurs riches voisins et ainsi de rattraper leur retard. Un accord visant à limiter les possibilités qu’offre cette directive vient d’ailleurs d’être signé après des semaines d’âpres négociations. Une bonne occasion de décrire, en quelques chiffres, la réalité du travail détaché en Europe et en France.
1 % des salariés
Les derniers chiffres publiés, en France comme en Europe, portent sur 2015. Selon la Commission européenne (Eurostat), cette année-là, un peu plus de 2 millions de travailleurs détachés ont été dénombrés dans l’Union, soit 0,9 % de l’ensemble des salariés des pays membres. Sans surprise, le premier pays d’accueil européen est l’Allemagne, devant la France, la Belgique et l’Autriche. À l’inverse, le pays qui détache le plus de salariés est la Pologne. Plus surprenant, la seconde place du podium des pays « exportateurs » de salariés est occupée par l’Allemagne et la troisième par la France. À en croire Eurostat, en 2015, notre pays aurait détaché plus de 130 000 salariés chez ses voisins.
286 000 travailleurs détachés
Selon le ministère du Travail, la France a accueilli en 2015 un peu plus de 286 000 travailleurs détachés. Au total, cela a représenté 10,7 millions de jours de travail, soit 46 500 équivalents temps plein. Le nombre de travailleurs détachés a été multiplié par 10 en 10 ans. Les travailleurs polonais étaient les plus nombreux (46 816) devant les Portugais (44 456), les Espagnols (35 231), les Roumains (30 594) et les Italiens (16 847). En termes de CSP, l’étude du ministère fait également apparaître que 83 % de ces travailleurs détachés étaient des ouvriers. Seuls 5,1 % d’entre eux occupaient des postes d’encadrement.
Pour ce qui est des secteurs, le BTP, le travail temporaire et l’industrie étaient, en 2015, les plus « consommateurs » de travailleurs détachés.