En parallèle des dispositifs généraux d’accompagnement de l’État, le secteur de l’hébergement-restauration réclame des mesures complémentaires fortes de soutien aux entreprises.
Le secteur de l’hébergement-restauration paie un lourd tribut face à la crise. Dans ce contexte, l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) a réalisé, entre le 30 mars et le 8 avril 2020, une enquête auprès de 5 000 adhérents professionnels du secteur portant sur les mesures d’accompagnement sollicitées par les chefs d’entreprise. En complément des dispositifs gouvernementaux généraux de soutien aux entreprises, l’Umih réclame des mesures spécifiques, compte tenu de l’ampleur des difficultés économiques rencontrées.
Bras de fer avec les assureurs
Selon l’enquête réalisée par l’Umih, 60 % des chefs d’entreprise ont fait valoir la garantie perte d’exploitation auprès de leur assureur. Mais 98 % de ces demandes de garantie perte d’exploitation ont été refusées. Ces résultats expliquent qu’un bras de fer se soit engagé avec les assureurs qui refusent de couvrir les pertes de revenus des établissements fermés, la pandémie n’entrant pas dans la majorité des contrats d’assurances. Quelques exceptions : BPCE IARD qui assure 6 000 professionnels de la restauration. « Parmi ces clients, 4 000 sont éligibles à une garantie en cas de fermeture administrative liée à une épidémie », précise BPCE à L’Argus. Il en est de même pour la Maaf au sein de la Covéa dont 6 000 clients de l’hôtellerie-restauration sont bien assurés contre le risque d’exploitation en cas de pandémie. « On peut comprendre que le système d’assurance ne puisse pas prendre 100 % des pertes d’exploitation de tous nos établissements. On ne peut pas accepter que ce soit zéro », a indiqué, de son côté, Jean-Virgile Crance, président du groupement national des chaînes hôtelières (GNC). Dans ce contexte, le gouvernement a appelé à plus de solidarité de la part des assurances en participant à la reconstruction économique du pays.
Des dispositifs de soutien de l’État largement demandés
1. Le dispositif d’activité partielle
Le secteur de l’hébergement-restauration représente 14,2 % des demandes de chômage partiel, selon le ministère du Travail (chiffres au 7 avril). Il occupe la deuxième place derrière le commerce. Dans les faits, selon l’enquête de l’Umih, les trois quarts des adhérents interrogés ont, en effet, sollicité le dispositif d’activité partielle et 80 % des demandes ont été acceptées.
2. Le Fonds de Solidarité
L’enquête révèle que 80 % des chefs d’entreprise pensent faire appel au fonds de solidarité.
3. Le Prêt garanti par l’État
Selon l’enquête de l’Umih, 45 % des chefs d’entreprise comptent demander le Prêt garanti par l’État auprès de leur banque. Le 8 avril dernier, le secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Lemoyne, avait indiqué qu’environ 11,5 % des dossiers déposés pour des prêts garantis par l’État via la Bpifrance concernent le secteur du tourisme. Au total, 552 M€ de prêts garantis ont déjà été accordés au niveau national pour la filière tourisme.
Des mesures d’accompagnement complémentaires souhaitées
Le bout du tunnel étant encore loin pour le secteur, un plan de soutien spécifique est demandé par les professionnels. Dans ce contexte, un comité interministériel du tourisme se tiendra en mai pour établir un plan de relance de la filière. À cet égard, l’Umih a ainsi établi un plan de sauvegarde et de relance qu’il a dévoilé le 20 avril. Parmi les mesures souhaitées : exemption de paiement des charges sociales allant du 15 mars au 31 décembre 2020 et exemption des taxes et impôts locaux en 2020, annulation des loyers pour 6 mois, prise en charge au moins partielle des pertes d’exploitation…