Rebaptisée « 100 % Santé », la réforme du RAC 0(1) est entérinée par la loi de financement de la Sécurité sociale de 2019. Son impact pour les opticiens demeure incertain mais la baisse tendancielle des prix sur certains segments de marché pourrait s’amplifier.
Promesse électorale du Président Emmanuel Macron, le « 100 % Santé » entrera en vigueur le 1er janvier 2020. Pour rappel, cette réforme importante du remboursement des équipements d’optique (La réforme concerne aussi les audioprothèses et les soins dentaires) prévoit que les contrats des complémentaires santé dits « responsables et solidaires » couvrent les frais en sus des tarifs de responsabilité pris en charge par la Sécurité sociale. Un panier d’équipements « 100 % santé » est défini, composé de verres correcteurs et de montures que les opticiens devront obligatoirement proposer à leur client et faire apparaître sur tout devis. En cas de non-respect de cette obligation, les opticiens devront payer une pénalité qui représentera au maximum 5 % du chiffre d’affaires hors taxes total réalisé en France. Si le dispositif d’évaluation n’est pas respecté (obligation de remettre au client un questionnaire de satisfaction après la vente de l’équipement), la pénalité s’élèvera au maximum à 10 % du chiffre d’affaires HT réalisé en France. Il sera même possible de déconventionner l’opticien qui refusera de proposer des équipements « 100 % Santé ».
Baisse tendancielle des prix ou effet d’aubaine permettant une augmentation du marché en volume ?
Selon une étude réalisée par le cabinet Asteres pour le Gifo (Groupement des industriels et fabricants de l’optique), le « 100 % Santé » devrait entraîner une baisse en valeur des ventes de montures car la réforme prévoit d’abaisser à 100 € le plafond de leur remboursement (contre 150 € actuellement dans le cadre des contrats « responsables et solidaires »). Cette baisse pourrait s’établir au global entre -1,8 % et -6 % selon la part relative des porteurs de lunettes choisissant des montures inférieures à 100 €. Car la population intéressée par cette offre pourrait être beaucoup plus importante que celle visée en priorité : les personnes qui renoncent aux soins d’optique pour des raisons financières (920 000 personnes environ), ainsi que les bénéficiaires et nouveaux entrants de la CMU-C et l’ACS (1,4 million). Dans un contexte de pression sur le pouvoir d’achat, les économies pouvant être faites sur ce poste de dépenses sont les bienvenues : le coût complet d’un équipement en unifocal représente un budget moyen de 287 € et 570 € en progressif, selon les estimations du cabinet GFK. Les tendances baissières observées en 2017 sur le marché de l’optique pourraient donc s’amplifier, déjà marquées par une baisse des volumes des verres unifocaux et les pressions sur les prix des verres progressifs. Des tendances qui viendraient ainsi compenser l’effet d’aubaine créé par cette réforme dont l’objectif est de réduire voire supprimer le renoncement aux soins pour des raisons financières.
D’ores et déjà, le Gifo a alerté sur les éventuelles conséquences de cette réforme pour le secteur de l’optique. Selon le syndicat professionnel, elle pourrait entraîner une baisse de la rentabilité des magasins et un recul du chiffre d’affaires des fabricants de verres et de montures.