Le secteur et la règlementation s’organisent : l’arrivée des camions autonomes sur nos routes pourrait ne plus être si lointaine. Si ceux-ci sont plus compliqués à développer (plus lourd, trajectoire de la remorque à prendre en compte, distance de freinage…), ils pourraient être un réel levier d’efficacité pour les transporteurs et les logisticiens. Ils pourraient tout d’abord répondre à la pénurie de chauffeurs, estimée à 400 000 en Europe et 43 000 rien qu’en France (chiffres cités par Les Échos), même si l’enjeu aujourd’hui porte surtout sur l’amélioration des conditions de travail de ces derniers. Les camions totalement autonomes pourraient rouler sans temps de repos ce qui réduirait fortement les coûts. Enfin, comme pour les voitures, une accidentalité très diminuée est attendue alors que 90 % des accidents sont la conséquence d’une erreur humaine.
Alors, où est-on réellement ? Aux prémices certes, mais l’allègement de la règlementation aux niveaux international, européen et des États ainsi que la multiplication des partenariats entre constructeurs, logisticiens et start-up laissent penser que les choses pourraient s’accélérer. Au niveau international, la Convention de Vienne de 1968 stipulait que tout véhicule devait avoir un conducteur, ce qui était incompatible avec les véhicules autonomes mais deux amendements successifs en 2016 et 2020 (le deuxième en cours d’adoption) ont desserré ces contraintes. En Europe également, une règlementation est discutée même si les États membres choisissent pour l’heure de garder la main sur les expérimentations. Enfin, en France, les lois Pacte et LOM ont créé un cadre visant à garder une avance dans ces technologies.
Mais ce sont bien la Chine et les États-Unis qui courent aujourd’hui en tête concernant les technologies de camions autonomes, avec un foisonnement d’entreprises et de partenariats qui se nouent et des essais sur route, y compris sur longue distance. L’enjeu y est particulièrement important pour les transporteurs alors que les distances sont particulièrement élevées. Des acteurs comme Amazon et UPS sont, par exemple, engagés dans le développement de camions autonomes : Amazon a ainsi commandé récemment 1 000 systèmes de conduite autonome pour poids lourds à Plus.ai. Par ailleurs, la règlementation en Chine et aux États-Unis a facilité les expérimentations alors que ces deux pays ne sont pas signataires de la Convention de Vienne.