Quel est votre parcours et comment est né day by day ?
Didier Onraita : j’ai travaillé pendant 25 ans dans la grande consommation, chez des distributeurs, des fournisseurs, puis à la tête de deux cabinets de conseil en stratégie marketing que j’ai créé. Pendant toutes ces années, j’ai observé les comportements de consommation évoluer avec une personnalisation de plus en plus poussée des produits consommés qui conduit à une explosion des emballages et du gaspillage alimentaire. C’est immoral, c’est un scandale mondial ! Je suis petit-fils de paysan et produire pour jeter, c’est au-dessus de mes forces, je ne peux pas. J’ai été élevé comme cela, on ne se défait pas de ce que l’on est…
Le vrac m’est naturellement apparu comme la solution idéale face au gaspillage. Le concept day by day réunissait tout ce que je savais faire : adresser le consommateur, mettre en place des schémas de distribution, et ce que je voulais faire : impacter positivement la consommation. Avec mon ami David Sutrat, nous avons ouvert notre premier magasin à Meudon (92) en mai 2013 pour tester notre concept, notamment tous les aspects opérationnels.
Pourquoi avoir fait le choix d’un développement en franchise ?
D. O. : le choix de la franchise est lié à la nature même de notre projet. Nous voulions nous développer rapidement. La franchise nous permet de mobiliser moins de cash et ne nécessite pas de mettre en place de larges équipes managériales de terrain. Tout l’enjeu était de faire la démonstration de valeur du projet et de développer une série de savoir-faire dans le domaine du sourcing produit, du merchandising, de l’accueil client, de la gestion du magasin… et de bâtir un modèle rentable qui soit démultipliable. Ce que nous avons démontré avec notre premier magasin franchisé à Versailles (78) en 2014. Nous avons ensuite ouvert des magasins dans les grandes villes de province.
Qu’est-ce qui différencie votre modèle d’une épicerie traditionnelle ?
D. O. : nous avons conçu le concept de magasins day by day de façon à ce que chaque point de vente puisse être exploité par une seule personne. Les coûts d’exploitation sont donc contenus. La taille de notre réseau et l’organisation de notre sourcing en circuit court nous permettent d’être compétitifs face à la grande distribution tout en étant rentable. Nous sommes très vigilants sur les critères de gestion, sur le coût du loyer, les coûts d’exploitation en général. Le point mort peut ainsi être atteint rapidement.
Quelle est la taille de votre réseau ?
D. O. : le réseau day by day compte aujourd’hui 78 magasins dont 3 à l’étranger (2 en Belgique et un au Luxembourg), pour un chiffre d’affaires consolidé de 37 M€ en 2021. Nous avons trois types de magasins : des épiceries de centre-ville, qui représentent la très grande majorité de notre offre, 2 shop-in-shop, c’est-à-dire des épiceries day by day implantées au cœur d’un hypermarché, et 2 day by day Grand Marché Vrac. Ce sont des formats dits « multi-frais » où plusieurs spécialistes de l’alimentaire se rassemblent sous un même toit, sur le modèle des magasins de producteurs. Ils associent le franchisé day by day et des concessionnaires (un boucher, un fromager et un maraîcher-primeur locaux) sur une surface de 300 m². Ces points de vente sont destinés aux périphéries de grandes métropoles ou de villes de taille moyenne.
Comment évolue votre offre de produits ?
D. O. : nous avons créé une centrale d’achat de manière à pouvoir mutualiser les achats pour l’ensemble du réseau et offrir une compétitivité prix à nos franchisés. Notre objectif est de couvrir les principales unités de besoins attendues par la majorité des consommateurs. Dans chacun de nos magasins, entre 1 000 et 1 200 références sont proposées dans quatre grandes familles de produits : l’épicerie salée, l’épicerie sucrée, la droguerie et l’hygiène. Plus de 80 % de nos références sont produites en France et nous travaillons à l’amélioration constante de la qualité de nos produits. Aujourd’hui, la production verte au sens large (bio, haute valeur environnementale ou HVE…) représente 25 % de notre offre et un peu plus du tiers de notre chiffre d’affaires.
Nous cherchons également à référencer des marques nationales afin de créer des repères de confiance pour le grand public, leur démontrer que le vrac peut avoir le même niveau de confiance et de prix que le pré-emballé. En 2020, nous avons ainsi ouvert quelques lignes avec Lustucru et Michel & Augustin.
Quels sont vos projets de développement ?
D. O. : nous allons accélérer le déploiement des formats multi-frais, nos day by day Grand Marché Vrac. Une vingtaine d’ouvertures sont prévues au cours des 2 prochaines années. Nous avons aussi expérimenté cette année l’éco-drive et le click & collect de produits pré-remplis dans des contenants réutilisables et consignés et allons poursuivre leur développement. Enfin, nous allons nous implanter au Canada où un premier magasin day by day Grand Marché Vrac va ouvrir prochainement. L’idée est d’emmener sur place tous nos outils, toutes les méthodes que nous avons inventées. Mais l’ensemble de l’offre de produits est élaboré là-bas, avec des fournisseurs locaux.
Nous allons également poursuivre le développement de notre réseau. En 2022, nous ouvrirons une quinzaine de magasins. Ainsi, nous allons trouver des croissances de 20 à 30 % par an d’ici 2030 ! Car je suis convaincu que l’aventure entrepreneuriale qui a vocation à servir le bien commun peut se faire dans un mode d’entreprise classique. Le devoir d’équilibre, de rentabilité n’est pas incompatible avec notre projet d’impacter positivement la consommation.
Fiche d’identité
Dénomination : day by day
Activité : chaîne d’épiceries 100 % vrac
Création : mai 2013
Réseau : 78 magasins fin 2021
Web : www.daybyday-shop.com