« Au cours des 5 dernières années, pensez-vous avoir subi des traitements inégalitaires ou des discriminations ? ». À cette question posée par l’Insee lors de son enquête menée entre 2008 et 2009, 14 % des Français âgés de 18 à 49 ans avaient répondu « souvent » ou « parfois ». Lors de sa dernière enquête menée entre 2019 et 2020, le niveau de réponses positives a augmenté de 5 points pour atteindre 19 %. Une hausse que l’Insee explique par une progression des traitements discriminatoires subis par la population, mais également par une plus grande intolérance à ces traitements. « Autrement dit, pour un même traitement subi, les personnes sont peut-être plus promptes à déclarer des discriminations aujourd’hui qu’elles ne l’étaient il y a 10 ans », rapportent les auteurs de l’étude.
Les femmes en première ligne
En 10 ans, le sentiment de discrimination ressenti par les femmes est passé de 14 % à 21 % et celui des hommes de 13 % à 16 %. Ce décalage entre les hommes et les femmes s’explique par une hausse des déclarations de discriminations pour motif sexiste. Alors qu’elles n’étaient que 28 % à déclarer avoir subi un traitement inégalitaire en raison de leur sexe en 2008/2009, elles sont 46 % à l’affirmer en 2019/2020. C’est devenu le premier motif de discrimination ressenti par les femmes devant les origines, la nationalité et la couleur de peau (32 %), l’âge (15 %), la religion (9 %), l’état de santé ou le handicap (8 %) et le lieu de résidence (5 %).
Même s’il a baissé en 10 ans, l’origine reste le principal critère de discrimination ressenti par les hommes en 2019/2020 (58 % contre 65 % en 2008/2009). Les autres critères : âge (11 %), lieu de résidence (10 %), religion (8 %), sexe (6 %) et état de santé (6 %) sont cités de manière plus marginale et n’ont que très peu évolué en 10 ans.
De rares dépôts de plainte
Le fait que la population subisse davantage de traitements discriminatoires n’entraîne pas une hausse des démarches qui permettraient de les circonscrire. L’Insee note ainsi que 2 % seulement des personnes victimes de ces traitements ont déposé plainte et 7 % ont saisi une association, un syndicat ou le défenseur des droits. Interrogées sur les raisons qui les ont poussé à ne pas entamer ce type de démarche, 48 % répondent qu’elles pensaient que ça ne servirait à rien.