Les États-Unis représentent le premier marché du facilities management, avec un chiffre d’affaires de 340 milliards de dollars par an environ (définition large du facilities management). Ses évolutions notamment en ce qui concerne les domaines d’intervention des prestations offertes mais également les types de contrats (multiservices, multisites) donne l’impulsion au marché européen. Contrairement au marché américain, le marché européen du facilities management est émergent et encore assez peu structuré d’où la difficulté d’avoir une évaluation globale. Selon notre étude de marché, le marché potentiel de l’ensemble des services externalisables représenterait au moins 150 milliards d’euros. En prenant une définition restrictive du facilities management, le marché européen est évalué à 7,9 milliards d’euros, soit moins de 20 % de son potentiel (45,1 milliards d’euros) selon Faceo. Le marché français occupe la troisième place derrière ceux du Royaume-Uni et de l’Allemagne. Globalement, le marché européen laisse apparaître d’importantes perspectives de développement. Néanmoins, la situation est contrastée selon les pays :
• avec 6 milliards d’euros, le Royaume-Uni constitue le plus grand marché du facilities management en Europe. Outre son ancienneté, les principales raisons de son développement sont les suivantes :
o la prépondérance des contrats conclus avec le secteur public. Au début des années 90, l’instauration du Private Finance Initiative Act a permis aux administrations
(notamment les secteurs de la santé, de l’éducation et des affaires sociales) de faire appel à un prestataire privé pour optimiser la gestion de leurs installations ;
o le nombre élevé de firmes (78 %) ayant recours à l’externalisation de fonctions non stratégiques. Ainsi certains services comme la restauration, la propreté et la gestion
des déchets, sont externalisés dans environ 50 % des cas ;
• l’Allemagne est le second marché d’Europe (600 MEUR) et offre le plus grand potentiel (12 milliards d’euros). Bien que le recours à l’externalisation soit courant parmi
les firmes allemandes (70 %), la croissance annuelle du marché du facilities management se révèle plus modérée qu’en France, en Italie ou en Espagne. En effet, l’existence en interne de services performants et de qualité en retarde son développement ;
• en Italie, en Espagne, aux Pays-Bas et en Belgique, le facilities management est encore marginal et représente une faible part du marché européen. Cependant, en raison de la conversion progressive des entreprises à l’externalisation (respectivement 38 %, 32 % et 46 %), la croissance des activités devrait dépasser les 20 % par an dans les prochaines années.
Outre la taille, les différents marchés se distinguent également par :
• la forme des contrats conclus. Ainsi en Allemagne et en France, les prestataires sont le plus souvent à la fois responsables du pilotage et de l’exécution des prestations. En revanche, au Royaume-Uni, les prestataires recourent régulièrement à des sous-traitants pour l’exécution des prestations ;
• les secteurs cibles. Le secteur public est prépondérant au Royaume-Uni. Un certain nombre de prestataires de facilities management sont d’ailleurs positionnés exclusivement sur ce secteur dont les contrats sont très importants en volume et de très longue durée (jusqu'à 20 ans). En revanche, le secteur privé (pharmacie, pétrochimie, automobile, télécommunication et hautes technologies) tire le marché dans les autres pays européens ;
• l’origine des prestataires. Alors qu’au Royaume-Uni, le marché est tenu par des spécialistes, en Allemagne et dans les autres pays d’Europe du Nord, les principaux prestataires de facilities management sont issus de la filialisation des services internes de grands groupes industriels.
Les facteurs de succès du facilities management dans les pays anglo-saxons, notamment au Royaume-Uni, reposent principalement sur :
• la prépondérance des contrats conclus avec le secteur public. Cela se traduit par des contrats de long terme et de montants élevés qui pérennisent l’activité des prestataires ;
• l’adhésion des dirigeants d’entreprises au facilities management grâce à une bonne connaissance des offres de services (multiplication des associations, salons, revues,
sites Internet) et la pratique du benchmarking. Cette situation reflète le taux d’externalisation élevé et la montée en gamme des contrats avec une nette évolution du
mono-service vers le multiservices à plus forte valeur ajoutée ;
• un contexte social favorable.
En France, cette situation est difficilement transposable. En effet, si le recours au facilities management par les entreprises reste encore limité, sa reconnaissance auprès des industriels progresse régulièrement. En revanche, l’ouverture du marché du secteur public se heurte à des freins réglementaires et culturels. L’externalisation est souvent considérée comme un abandon au secteur privé d’un service public. Par ailleurs, les contraintes sociales sont extrêmement fortes et l’attitude des syndicats défavorables à l’externalisation.