En ce début d’année, le secteur de la téléconsultation est en pleine ébullition. Malgré un déploiement moins rapide que prévu, de nombreux acteurs jugent inéluctable la croissance de la consultation à distance.
Les chiffres peuvent paraître anecdotiques car liés à un phénomène conjoncturel et de courte durée. Au début du mois de janvier, deux sociétés privées de téléconsultation ont annoncé une forte croissance de leur activité pendant les six à sept semaines qu’ont duré les grèves dans les transports publics. Medadom a vu le nombre de ses utilisateurs bondir de 50 % et l’appli Urgence Docteurs a enregistré une augmentation de 20 % du nombre de visites. Deux cas qui ne sont probablement pas isolés. L’ensemble du secteur de la téléconsultation a manifestement bénéficié des difficultés rencontrées par les Français, en particulier les Franciliens, pour se rendre physiquement chez leur médecin. Une situation exceptionnelle qui pourrait avoir des retombées favorables à plus long terme car la téléconsultation, une fois expérimentée, séduit et convertit une proportion importante de ses utilisateurs. Selon une enquête réalisée mi-2019 par B3TSI pour le site Egora(1), 70 % d’entre eux jugent la consultation à distance au moins « aussi bien » qu’une consultation classique (voire meilleure dans 14 % des cas), et 63 % se disent prêts à retenter l’expérience. Qu’ils y aient déjà eu recours ou non, la majorité des Français ont une image positive de la téléconsultation : 60 % plus précisément, si l’on se réfère à une autre enquête, réalisée fin 2019 par l’institut Odoxa(2) pour le compte de l’Agence du Numérique en Santé. Selon les personnes interrogées, elle fait gagner du temps, à la fois aux médecins (72 % partagent cet avis) et aux patients (65 %) ; elle leur facilite la vie (59 %) et constitue un moyen efficace pour reconnecter les déserts médicaux.
Des perspectives de croissance bien orientées
Certes, les doutes ne sont pas tous levés (crainte d’une déshumanisation de la médecine, d’un risque de piratage des données de santé ou d’erreurs médicales plus importantes). Mais ces retours d’expérience positifs confirment que la téléconsultation répond à de réels besoins et aux attentes d’une partie croissante de la population. Un constat partagé par les nombreux acteurs qui investissent ce nouveau marché. Le début de l’année a ainsi été marqué par plusieurs annonces importantes. Le groupe suédois Kry (Livi en France) vient de réaliser sa plus importante levée de fonds (140 M€), menée auprès de fonds d’investissements (Index Ventures, Creandum, Accel) et d’un fonds de pension canadien (régime de retraite des enseignants de l’Ontario). Objectif : accélérer son développement en Europe, où la société revendique le leadership sur le marché de la téléconsultation (1,4 million d’actes réalisés depuis sa création en 2014). Autre initiative intéressante : celle du groupe Korian, qui vient de prendre une participation de 70 % dans le capital de la jeune société Omedys, créée en 2019 par deux médecins urgentistes et qui a assuré 3 000 téléconsultations en un an dans la région Grand Est. Omedys aide des cabinets médicaux, pharmacies et collectivités locales à installer des salles de téléconsultation ; elle leur met ensuite à disposition des médecins pour assurer les consultations. L’intérêt de Korian est de pouvoir intégrer une offre de téléconsultation dans l’ensemble de ses établissements (Ehpad et cliniques) et la proposer aux patients seniors pris en charge à domicile, via sa nouvelle plate-forme de services Oriane. Autre exemple : l’arrivée d’une nouvelle offre de téléconsultation dans le Pas-de-Calais, lancée par le groupement ambulancier du Grand Nord, en partenariat avec la société Télédok. Baptisé Ambudok, ce service permettra prochainement à des ambulanciers d’intervenir à domicile, en tant que téléassistants.
Les initiatives de Korian et d’Ambudok confirment que le maintien à domicile des seniors sera à l’avenir l’un des principaux débouchés commerciaux de la téléconsultation. Une perspective que devrait confirmer le futur projet de loi sur la réforme du grand âge et de l’autonomie, qui sera présenté à l’été 2020. La stratégie « Vieillir en bonne santé 2020-2022 » devrait, en effet, mettre l’accent sur le « virage domiciliaire » et la nécessité de renforcer le suivi médical des personnes âgées à domicile.
Pour aller plus loin, découvrez notre étude publiée en 2019 sur les perspectives de la télémédecine et du télésoin
(1) Enquête en ligne réalisée en juin 2019, auprès d’un échantillon représentatif de la population française de 18 à 75 ans en termes de genre, âge, CSP du chef de famille, région et taille d’agglomération. (2) Sondage mené entre les 13 et 28 novembre 2019, auprès de 3 012 personnes et 522 professionnels de santé, dont 254 médecins.
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