L’édition 2019 de l’Observatoire de la Qualité de la Construction recense un nombre toujours plus élevé de malfaçons dans les nouvelles constructions. En 10 ans, les indemnisations versées par les assureurs ont augmenté de plus de 75 %.
Chaque année, l’Agence Qualité Construction (AQC) dresse un état des lieux de la sinistralité dans les bâtiments neufs. Et, chaque année, l’Agence constate une aggravation du problème. Fissures, infiltrations… ce sont, en moyenne, 25 000 cas de malfaçons qui passent tous les ans dans les mains des assureurs. En 2017, ils ont versé pour 754 M€ de prestations à titre d’indemnisation, contre 430 M€ en 2008.
Au premier rang des problèmes les plus fréquents, les revêtements de sol se taillent la part du lion. Il s’agit le plus souvent d’une mauvaise pose de carrelage qui provoque des décollements et des soulèvements. Ce type de malfaçons a même fortement augmenté dans les maisons individuelles où il représente près de 14 % des dossiers traités et 10,5 % dans les logements collectifs.
Ils devancent désormais, en maison individuelle, les problèmes sur les toitures en tuiles (9,5 % des cas répertoriés) et sur les réseaux d’eau intérieurs, eux en nette baisse (6 %). En logements collectifs, les désordres de réseaux d’eau intérieurs restent le deuxième type de problème le plus courant (8 % des dossiers), mais ils sont rejoints par les malfaçons sur les poutres et les poteaux (hors charpente seule), dont le nombre a explosé l’an passé. Les fissurations anormales sur ce type d’élément ne représentaient que 1 % des dossiers en appartements entre 1995 et 2007 contre près de 8 % sur la période 2016-2018. Si elles menacent rarement la stabilité du bâtiment, elles provoquent souvent un défaut d’étanchéité à l’eau (62 % des cas). Les maisons individuelles ne sont pas épargnées par ce phénomène qui figure désormais au cinquième rang du « flop 10 » des malfaçons les plus courantes. « Il ne faut pas faire d’alarmisme mais cette évolution est inquiétante et il faut comprendre pourquoi », a expliqué aux Echos, le 17 juin dernier, la présidente de la compagnie française des experts-construction (CFEC) et coauteur du rapport de l’AQC, Catherine Labat.
L’étude montre également la progression importante des désordres liés aux équipements sanitaires qui représentent désormais près de 6 % des malfaçons dans les logements collectifs et 5 % dans les maisons individuelles. La mode des douches à l’italienne et des WC suspendus, qui nécessitent d’être fixés à des murs suffisamment résistants, explique en grande partie la multiplication des fuites et fissures dans les pièces d’eau.
Toutefois, il faut souligner que même si les coûts ne cessent de grimper, il est impossible d’affirmer que le nombre de malfaçons est effectivement plus élevé qu’auparavant. Catherine Labat observe que, depuis 2008, c’est aussi « le degré de tolérance des particuliers qui s’est beaucoup réduit ». Ainsi, lorsque par le passé certains cas étaient réglés à l’amiable, les assurances sont maintenant directement contactées pour dédommager les victimes.
Découvrez notre étude sur le marché français de la rénovation énergétique des logements.