VIR Transport, entreprise de livraison de produits lourds et encombrants, a été fondée en 1985. Interview de son dirigeant, Jeremy Cohen Boulakia.
Pouvez-vous me parler de votre parcours ?
Jeremy Cohen Boulakia : à vrai dire, je travaille chez VIR Transport depuis toujours. Il s’agit, en effet, d’une société familiale, créée par mon père, Gérard Cohen Boulakia, en 1985. J’ai commencé à y travailler à la fin des années 1990 pendant les vacances, les week-ends... C’est ensuite devenu mon travail officiel à plein temps depuis 13 à 14 ans.
Quel est le modèle de VIR Transport ?
J. C. B. : VIR Transport est depuis toujours spécialisée dans la livraison de produits lourds et encombrants chez le particulier. Concrètement, nous livrons dans toute la France des produits tels que des meubles, des canapés, de la literie, de l’électroménager ou encore des gros articles de décoration. Nous prenons en charge la livraison pour le compte de plusieurs grandes enseignes, comme Conforama, Ikea, Leroy Merlin, Habitat, Jardiland, ainsi que de pure players comme Vente-Privee.com, Rue du Commerce ou Amazon. Nous proposons également des services associés, à l’instar de l’installation de produits, du montage de meuble ou de la mise en service pour l’électroménager, de la récupération des anciens produits, etc.
Comment fonctionne l’application Gégé ?
J. C. B. : lancée en décembre 2016, l’application Gégé permet la livraison immédiate ou sur rendez-vous de produits lourds et encombrants. Disponible aujourd’hui en Île-de-France au sens large, elle propose 3 niveaux de services : Gégé La Débrouille pour la livraison sur le trottoir, Gégé Les Gros Bras pour la livraison dans la pièce d’utilisation et Gégé La Bricole qui associe à la livraison des prestations supplémentaires de montage, de mise en service, etc. Comme Uber et d’autres applications du même type, Gégé géolocalise le client, lui indique le temps d’attente, lui précise le tarif en amont et lui permet de suivre l’arrivée du chauffeur.
L’application capte la clientèle de plusieurs façons. Il y a d’abord les clients de nos enseignes partenaires. Mais nous nous ouvrons aussi à une clientèle que VIR Transport ne traitait pas jusqu’à présent : la clientèle des particuliers, en direct. N’importe quel consommateur peut aujourd’hui télécharger Gégé et commander un camion, soit pour une livraison entre particuliers, comme des transactions sur Leboncoin ou des petits déménagements, soit pour la livraison depuis des enseignes pour lesquelles VIR Transport ne travaille pas. Le bilan de l’application est aujourd’hui très positif. Nous avons investi environ 1 M€, dans la plate-forme technologique, en marketing, en formation, etc. Et nous clôturons aujourd’hui la 1re année pleine avec un chiffre d’affaires à 3 M€ et un résultat d’exploitation très légèrement dans le vert !
Comment vous est venue l’idée de cette application ?
J. C. B. : nous avons vu apparaître début 2016 des applications qui, même si elles n’étaient pas nécessairement positionnées sur l’activité de livraison, modifiaient le comportement des consommateurs. Des activités de VTC, de livraison, mais aussi des applications pour des esthéticiennes, des massages à domicile... sont apparues et ont rapidement pris de l’ampleur. On peut également citer Amazon Prime, le service de livraison le jour même, à H+2, d’Amazon.
Bref, nous avons senti apparaître un besoin d’immédiateté de la part des clients. Ce sujet est devenu essentiel et nous avons voulu offrir aux consommateurs la possibilité de se faire livrer immédiatement, ou au moment où ils le souhaitaient, les produits lourds et encombrants qu’ils achetaient. Ainsi, nous intégrons à notre métier historique les besoins d’immédiateté, de suivi de la livraison et d’amélioration de l’expérience client sur lesquels reposent des services comme Deliveroo ou Uber.
Quelle est votre stratégie de développement pour Gégé ?
J. C. B. : en 2018, nous comptons cibler les 10 principales agglomérations françaises. Nous avons prévu d’ouvrir le service à Lille en janvier, à Lyon au cours du 1er trimestre, puis dans 2 ou 3 autres grandes villes.
Quelle est votre stratégie de communication ?
J. C. B. : nous avons des budgets marketing très restreints. Nous misons surtout sur des relations fortes et de confiance avec des partenaires historiques, ce qui nous permet de présenter sereinement Gégé en complément de l’offre de VIR. Nos 650 salariés et nos 32 années d’expérience dans la livraison de produits lourds et encombrants nous apportent une certaine crédibilité qui compense des budgets marketing volontairement limités.
Quels sont vos projets en dehors du développement de Gégé ?
J. C. B. : notre croissance est tirée, à 95 % je dirais, par le dynamisme du e-commerce. Notre portefeuille clients est, en effet, très axé sur la vente en ligne et la distribution multicanale. Pour répondre à cette croissance, nous avons mis en place d’importants investissements, tant en termes de recrutement qu’en termes de surfaces logistiques. Nous avons déjà inauguré une nouvelle plate-forme à Dijon en novembre. Entre décembre 2017 et février 2018, nous allons également ouvrir ou agrandir des sites. À Caen et à Blois, nous ouvrons 2 nouvelles plates-formes. À Brignoles dans le Var, à Lyon, à Rennes et à Bordeaux, nous doublons la taille de nos structures.
Nous avons des objectifs ambitieux pour 2018. Notre business plan prévoit un chiffre d’affaires de 64 M€ en 2018, contre 52 M€ à la clôture cette année. Une telle croissance d’une année sur l’autre, ça n’est pas anodin. Nos axes essentiels de développement pour l’année prochaine sont la réduction des délais et l’engagement de livrer en 48 heures dans toute la France depuis notre hub de Blois.
Rencontrez-vous, comme d’autres entreprises dans le transport, des difficultés de recrutement ?
J. C. B. : dans le transport, les principales difficultés de recrutement se concentrent sur le personnel titulaire du permis poids lourds. Sur Gégé, nous ne sommes pas concernés, car les livraisons sont exclusivement opérées sur véhicule léger. En revanche, sur certaines activités en véhicules poids lourds de VIR Transport, les difficultés sont importantes dans certaines régions, comme l’Île-de-France ou la région lyonnaise. Pour les pallier, nous prenons en charge la formation et le financement du permis de nos collaborateurs.