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Depuis plusieurs années, les problèmes de disponibilité en médicaments persistent sur le territoire français. Pénuries de matières premières, délocalisation de la production de produits « matures » en dehors de l’Union européenne, faible attractivité de la France en termes de politique d’achats de produits de santé, monopoles… : si les raisons ne manquent pas pour expliquer la situation actuelle, elle n’en demeure pas moins inextricable.
Quelle évolution entre 2022 et 2023 ?
Le rapport d’activité 2023 de l’agence permet un premier constat : les produits de santé sont de plus en plus nombreux à être concernés par des problèmes d’approvisionnement. Ainsi, en 2023, l’ANSM recensait 4 925 signalements de ruptures ou de risques de rupture. Un chiffre 30 % plus élevé qu’en 2022, où 3 761 notifications avaient été rapportées. En 2023, les traitements du système cardiovasculaire, du système nerveux et les anti-infectieux systématiques constituaient le trio de tête des classes thérapeutiques les plus touchées, représentant respectivement 29 %, 22 % et 14 % des signalements. Parmi les derniers en date à faire l’objet de fortes tensions d’approvisionnement, figurent le Praluent®, les stylos d’adrénaline Anapen® ou encore le Pegays®. Une situation très inconfortable pour les patients, et qui entraîne une surcharge de travail pour les pharmaciens en quête d’équivalents thérapeutiques. La parution de ce rapport est l’occasion pour l’agence de réaffirmer son « rôle pivot, tant sur le plan national que sur le plan européen, pour répondre au défi des tensions et ruptures d’approvisionnement en médicaments et produits de santé », avant de rappeler que la signature en novembre 2023 « d’une charte d’engagement par l’ensemble des acteurs de la chaîne du médicament illustre la pleine responsabilisation de chaque maillon pour assurer et sécuriser l’accès à ces ressources essentielles pour tous ». En termes de perspectives, l’ANSM précise que la poursuite d’un travail commun avec ses homologues européens devrait permettre de « sécuriser l’accès aux médicaments d’intérêt thérapeutique majeur ».
Vers un nouveau plan hivernal pour lutter contre les pénuries de médicaments
Comme l’an passé, l’agence a prévu une série de recommandations à actionner pour prévenir les ruptures de stocks, selon l’évolution d’indicateurs spécifiques régulièrement actualisés. Dans ce cadre, elle précise « exercer un suivi renforcé des données sur les approvisionnements de certains médicaments. » Ainsi, les stocks et approvisionnements des laboratoires, des grossistes-répartiteurs et des officines, ainsi que les ventes en pharmacie sont suivis en continu. Antibiotiques, médicaments contre la fièvre, corticoïdes oraux et médicaments contre l’asthme sont concernés. Espérons que le retour d’expérience de l’année dernière et les nouvelles mesures prises depuis lors permettent d’anticiper et de gérer au mieux les tensions d’approvisionnement liées à cette période si particulière de l’année.
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