LA VACCINATION ANTI-GRIPPE, NOUVEAU DROIT POUR LES PHARMACIENS D’OFFICINE

4 novembre 2016 par
LA VACCINATION ANTI-GRIPPE, NOUVEAU DROIT POUR LES PHARMACIENS D’OFFICINE
LES ECHOS ETUDES

Après deux ans de polémiques et d’atermoiements, les pharmaciens vont sans doute pouvoir expérimenter la vaccination contre la grippe saisonnière.

Déposé par l’ancienne ministre Michèle Delaunay, l’amendement prévoyant l’expérimentation sur trois ans de la vaccination à l’officine a été voté en première lecture par les députés, dans le cadre de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2017.

Il s’agit d’une avancée importante pour les représentants des pharmaciens d’officine, qui revendiquent ce nouveau droit depuis plusieurs années. Car de nombreux facteurs militent en sa faveur. Comme l’a rappelé l’Académie nationale de Pharmacie en mai 2015, la couverture vaccinale est en France « notoirement insuffisante [...] et même en chute libre pour la grippe saisonnière. [...] L’améliorer doit être un objectif prioritaire de santé publique. » Et de citer plusieurs pays(1) où ce droit a d’ores et déjà été accordé aux pharmaciens, avec des retombées jugées favorables sur le taux de couverture vaccinale. Les pharmaciens sont, en effet, les professionnels de santé les plus accessibles, ils bénéficient d’un degré de confiance élevé auprès de la population, nombre d’entre eux ont installé des zones de confidentialité à l’intérieur de leur officine... et une grande majorité est motivée pour s’engager dans cette nouvelle mission(2). Une mission qui s’inscrit dans l’évolution de l’exercice officinal, entamée il y a une dizaine d’années et soutenue par les autorités de santé. Elle sera financée par le Fonds d’Intervention Régional (FIR) au titre des expérimentations devant contribuer à améliorer la coordination des soins, la prévention et la sécurité sanitaire.

Ce nouveau droit donné aux pharmaciens, s’il venait à être définitivement adopté, ne manquera pas de susciter de vives oppositions, notamment parmi les représentants des médecins généralistes qui y voient une remise en question de leurs prérogatives. Comme ce fut le cas, dans le passé, pour la substitution générique, les coopérations interprofessionnelles, les entretiens pharmaceutiques... Il est donc à craindre qu’à cette occasion, les antagonismes classiques entre les deux professions ressurgissent, dans un contexte économique tendu et marqué par la persistance des déséquilibres de la démographie médicale.

(1) C’est le cas aux États-Unis depuis les années 1990, au Canada, au Royaume-Uni depuis 2002, au Portugal depuis 2008 et dans plusieurs cantons suisses depuis fin 2015. (2) Cet intérêt est confirmé par les résultats récents de la grande consultation de la pharmacie organisée par la Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France (FSPF).

LA VACCINATION ANTI-GRIPPE, NOUVEAU DROIT POUR LES PHARMACIENS D’OFFICINE
LES ECHOS ETUDES 4 novembre 2016
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