LA SCOP A SÉDUIT AUSSI BIEN NOS COLLABORATEURS QUE NOS CLIENTS

30 janvier 2018 par
LA SCOP A SÉDUIT AUSSI BIEN NOS COLLABORATEURS QUE NOS CLIENTS
TIPHANEAUX Sabrina

Reprise en Scop fin 2012 suite au départ à la retraite de son dirigeant, l’entreprise Loy accélère aujourd’hui son développement. Interview d’André Kervéadou, PDG de Loy et Cie et Fabien Hosteins, métreur-deviseur et ancien PDG de Loy et Compagnie.

Quels sont vos parcours respectifs et comment avez-vous intégré l’entreprise Loy ?
Fabien Hosteins : j’ai intégré la société Loy juste après mes études de métreur, il y a une vingtaine d’années. L’entreprise familiale, créée en 1951, était alors dirigée par Denis Loy, le fils du fondateur. Elle comptait une quinzaine de salariés et était spécialisée dans la charpente bois et menuiserie. Après plusieurs challenges successifs, j’ai lancé avec mon collègue, David Babarit, charpentier et compagnon du Tour de France qui venait de nous rejoindre, une activité de construction à ossature bois au début des années 2000 devenue aujourd’hui le cœur de métier de l’entreprise. Un peu plus tard, quand Denis Loy a souhaité prendre sa retraite, David et moi lui avons proposé de reprendre l’entreprise en Scop et j’en suis devenu le PDG en 2013 avant de laisser ma place à André Kervéadou 4 ans plus tard.
André Kervéadou : pour ma part, j’ai commencé ma carrière il y a une trentaine d’années comme comptable avant de rejoindre le groupe Linpac en 1991, comme responsable administratif et financier. Mais, suite à un changement de direction en 2012, j’ai dû quitter mes fonctions et j’ai démarré une activité de consultant. C’est dans ce cadre que j’ai réalisé une mission d’amélioration des flux pour l’entreprise Loy, qui était alors en train d’adopter le modèle de Scop (société coopérative et participative). J’ai rejoint l’entreprise en 2014 comme Directeur Administratif et Financier avant de m’en voir confier la Direction en 2017.
Comment s’est fait ce choix de la Scop ?
F. H. : avec David, nous connaissions déjà ce mode de gestion, et nous avions un fonctionnement assez participatif au sein de l’entreprise. Cette solution nous a donc paru la plus adaptée pour faire face au départ à la retraite de Denis Loy. Nous souhaitions conserver l’esprit familial de la société, assurer sa continuité et son ancrage à Plouay (56), sans risquer qu’un repreneur ne dénature l’entreprise.
Concrètement, comment s’est déroulé le processus ?
F. H. : le passage en Scop s’est échelonné sur une période de 2 ans environ. Nous avons commencé à travailler sur le projet en 2011, dans un premier temps en tout petit comité. Nous nous sommes fait accompagner par l’Union régionale des Scop qui nous a permis de structurer notre démarche. Je recommande d’ailleurs vivement leur appui pour tout projet de coopérative.
Une première étape a été d’auditer la santé financière de l’entreprise. L’image de la Scop est trop souvent associée aux entreprises en difficulté. Mais ce statut nécessite, autant que les autres, que l’entreprise soit saine financièrement. Ensuite est venu le temps de l’annonce aux salariés. L’adhésion a été forte puisque 16 salariés sur 22 nous ont suivi dans l’aventure et la Scop a été créée fin 2012.
Quel a été le ticket d’entrée pour les salariés ?
F. H. : les salariés désireux de prendre part au capital de l’entreprise rassemblaient des profils très variés tant en termes d’âge que de fonction. Il a donc fallu s’adapter à la capacité financière de chacun. Nous avons ainsi fixé un ticket d’entrée assez bas, mais avec l’engagement que tout le monde arrive progressivement au même apport.
Comment a été vécu le changement de statut de l’entreprise ?
F. H. : en interne, nous n’avons rencontré aucun blocage à la mise en œuvre du projet. À l’inverse, certains salariés ont même fait preuve d’une plus grande implication dans leur travail. Ils sont aujourd’hui pleinement associés aux résultats de l’entreprise, ce qui a modifié leurs comportements. Par exemple, ils sont plus vigilants sur des économies de coûts. Parallèlement, nous nous sommes aperçus que le statut de Scop est un réel atout aux yeux de nos clients. Ils perçoivent un engagement plus fort de la part des salariés et nous regardent avec beaucoup de bienveillance. Nous en avons même fait un argument commercial !
Au quotidien, comment se gère une Scop ?
A. K. : pas différemment d’une autre entreprise. Chacun a une fonction bien précise et s’y attèle. En revanche, il est vrai que nous adoptons un management plus participatif, moins directif que la plupart des autres entreprises. Nous réfléchissons ensemble aux enjeux de la coopérative et aux solutions à apporter sur le long terme.
Y a-t-il des points de vigilance que vous souhaiteriez partager ?
F. H. : la gestion d’une Scop implique davantage de transparence dans la communication aux salariés. Nous organisons des réunions mensuelles entre salariés associés pour échanger sur les résultats de l’entreprise. Mais tout le monde n’a pas le même degré de connaissance, ni la même maîtrise des concepts de gestion. C’est donc une nouvelle culture à acquérir et il faut nécessairement faire beaucoup de pédagogie.
Où en est l’entreprise aujourd’hui ?
A. K. : après une phase de consolidation, nous nous sommes dimensionnés pour accélérer notre développement. Notre chiffre d’affaires pour 2017 s’élève à 3,7 M€, en hausse de 8 %, pour un effectif de 25 personnes en CDI auxquelles s’ajoutent un contrat d’apprentissage et un contrat de professionnalisation. Et nous ambitionnons entre 5 % et 7 % de croissance en 2018.
Comment se répartissent vos activités ?
A. K. : l’entreprise a pris un virage il y a une quinzaine d’années, en se positionnant sur la construction d’ossatures bois pour les particuliers, un marché qui amorçait alors son décollage. Aujourd’hui, cette activité représente les deux-tiers de notre chiffre d’affaires. Près de 15 % sont également réalisés auprès de la clientèle professionnelle. C’est une cible qui se développe. Enfin, les 20 % restants correspondent à des chantiers de menuiseries extérieures, apportés essentiellement par des bailleurs sociaux. Nous avons aussi désormais des demandes de la part de particuliers organisés en projets collectifs. Nous gérons ainsi actuellement un dossier pour la construction d’un immeuble collectif accueillant 7 familles. C’est une nouvelle forme d’habitat qui se développe.
Quels sont vos projets à l’avenir ?
A. K. : nous avons monté, il y a quelques années, un groupement d’entreprises baptisé Maître Cube. Il rassemble différentes sociétés intervenant dans les constructions bois de grande hauteur, un marché que nous souhaitons investir davantage. L’idée est de rassembler nos forces pour être crédibles face à des maîtres d’ouvrage et soutenir la concurrence des majors du bâtiment.

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TIPHANEAUX Sabrina 30 janvier 2018
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