Crédit photo : Alexei Cruglicov
Comme chaque année, l’Insee a présenté ses comptes nationaux prévisionnels de l’agriculture. Une projection statistique qui permet de dresser un premier bilan de l’évolution du secteur agricole en 2024. Une évolution négative marquée par un recul des prix et des volumes de production.
Une forte baisse en valeur
Les premières estimations de l’Insee laissent entrevoir, pour 2024, une baisse de l’ensemble de la production agricole (hors subventions) de l’ordre de 7,5 %. Pour rappel, 2023 s’était soldé sur un recul de 1,5 % et 2022 sur une hausse de 18,1 % dans un contexte de sortie de crise sanitaire puis de déclenchement de la guerre en Ukraine. Ce fort recul de la production en valeur s’expliquerait par la conjugaison d’une baisse moyenne des prix de l’ordre de 4,2 % et de la production en volume de 3,4 %. Au total, la production agricole devrait atteindre 89,3 Md€ en 2024. 46,5 Md€ proviendraient des produits végétaux, 33,9 Md€ des produits animaux, 7 Md€ des services agricoles (coopératives, travaux agricoles, agritourisme…) et 1,9 Md€ des jardins familiaux.
La production végétale à la peine
Plus en détail, la production végétale (46,5 Md€) est celle qui devrait enregistrer le plus fort repli en 2024 (-13,1 %). En volume, elle baisserait de 6,8 % entraînée par le décrochage du secteur viticole (-20,5 %). « Toutes les régions viticoles ont subi des conditions météorologiques défavorables, depuis la floraison jusqu’aux vendanges. La baisse serait de 16,5 % pour le champagne, de 20,4 % pour les autres vins d’appellation, et atteindrait 26,4 % pour les vins sans appellation » précise l’Insee.
Les récoltes de céréales, pénalisées par une succession de canicules et d’orages devraient, de leur côté, voir leur volume de production se contracter de 16,3 % en 2024. À l’inverse, la production de fourrage s’accroîtrait de 16,1 %, les rendements étant en forte augmentation grâce à une pluviométrie abondante. On note également un redressement (+1,2 %) de la production de fruits portée essentiellement par d’abondantes récoltes de pommes, de poires et de noix.
Les prix de la production végétale, quant à eux, devraient également afficher un recul de 6,8 % en 2024 contribuant, à leur tour, au décrochage de la production végétale en valeur. En cause, la baisse de 4,9 % des prix du blé, qui succède à celle de 30 % enregistrée en 2023 à la suite d’une surproduction mondiale, l’effondrement des tarifs des fourrages (-34,8 %) et le recul de 5,4 % des prix des « autres plantes industrielles » (betteraves industrielles, tabac, lin textile, houblon, canne à sucre, etc.).
Un moindre recul de la production animale
En valeur, la production animale devrait reculer de 1,4 % en 2024 pour atteindre 33,9 Md€. En volume, elle augmenterait de 0,9 % en raison d’une forte hausse de la production de volailles (+13,8 %) après des années noires marquées par la grippe aviaire. Le cheptel porcin devrait également se redresser (+0,9 %) en 2024. « À l’inverse, l’érosion du cheptel se poursuivrait pour les gros bovins (-1,4 %), les veaux (-4,2 %) et, plus encore, pour les ovins-caprins (-6,2 %), frappés à partir de l’été par la fièvre ovine », précise l’Insee.
Côté prix, un recul de 2,3 % est attendu pour la production animale. On note ici, sans surprise, que les hausses de volume dans le secteur de la volaille devraient se traduire par un recul des prix de 8,5 %. Une baisse de 7,1 % des prix du porc est également attendue après deux années de hausse (+25,2 % en 2022 et +21 % en 2023). « Pour le reste du bétail, l’érosion du cheptel conduirait en revanche à de nouvelles hausses de prix », ajoutent les auteurs de l’étude sans les chiffrer.
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